Coraline
7.2
Coraline

Long-métrage d'animation de Henry Selick (2009)

Ma perception de l'animation a complètement changé avec ce film-ci. Si c'est le temps qu'il faut à Henry Selick, soit près de 12ans, pour nous pondre un chef d'oeuvre, alors je dis qu'il a bien fait de le prendre, son temps. Coraline ne ressemble à aucun dessin-animé que j'ai pu voir jusqu'ici. Il y a bien un petit lien de famille avec The Nigthmare Before Christmas et l'histoire d'Alice au Pays des Merveille, certains lui trouveront même une ressemblance avec Le Voyage de Chihiro. En attendant Coraline reste entier, bien à lui, original.
Comme je lui ai mis une excellente note, j'estime que je dois justifier. A savoir qu'il y aura des SPOILERS et pas des moindres tout le long de la critique, vous aurez été prévenus.
Alors, Allons-y.

Coraline est l'histoire d'une petite fille qui déménage dans une nouvelle maison, loin de ses amis et de sa vie d'avant. Ses parents n'ont pas le temps de s'occuper d'elle, ayant beaucoup trop à faire avec leur catalogue de jardinage. Coraline s'ennuie dans cette vieille demeure délabrée qu'elle décide malgré tout d'explorer. C'est ainsi qu'elle fait la découverte d'une petite porte qui mène ailleurs. Dans un autre monde, où tout est la même chose que chez elle... Mais en mieux ! Elle va faire également la connaissance de ses autres parents, toujours prêts à faire la fête et à faire tout ce qu'elle souhaite. La nourriture est meilleure, les voisins sont bien plus cool et la maison et le jardin sont bien décorés et superbement entretenus. Coraline est sous le charme. Jusqu'à ce que son Autre-Mère lui propose de rester avec elle pour toujours. Pour cela cependant, il faut coudre des boutons dans les yeux. Horrifiée, Coraline refuse catégoriquement. L'Autre-Mère va donc capturer ses vrais parents pour l'obliger à rester. Coraline va devoir déployer des trésors de bravoure pour libérer ses parents et sois-même.

Voilà un assez gros résumé du film. Si cela peut vous rassurer, je ne vous ai vraiment révélé que l'essentiel de l'histoire qui est bien plus passionnante que ces quelques lignes. Coraline est un film non seulement pour les enfants (Oui, oui, j'y viens), mais aussi pour les adolescents et même les adultes. Alors, à ce propos tant qu'on penche vers le terrain, Coraline peut être terrifiant pour un môme. La scène finale, pour ne prendre que celle-là, où l'on voit l'Autre-mère changée en araignée, tisser une toile et se jeter sur Coraline pour la dévorer, pourra en traumatiser plus d'un. Comme j'ai pu le voir sur différentes critiques, il est bien souvent qualifié de Film d'horreur pour enfants. Moui... C'est un peu ça. Alors pour répondre aux questions, je répond : Bien sûr que le film effraie quelques fois mais, comme dirait Henry Selick, les enfants aiment avoir peur. Et moi aussi.

Pour quelles raisons j'aime ce film ? Des raisons, il y en a tout plein. L'histoire, tout d'abord. Oui, j'adore l'histoire. Cette idée de boutons par exemple est génial, et puis, pas dénouée de sens. Aussi, en-dessous de cette histoire s'en cache une autre, plus tragique (lorsque cela concerne les enfants fantômes) qui peut être un échos aux enfants kidnappés de nos jours, ou bien des mères qui 'mangent' leurs enfants.
Ensuite, J'aime énormément les personnages, que ce soit la capricieuse et intrépide Coraline au Chat quelque peu arrogant. Ce qui est agréable, c'est que personne n'est en trop, tout le monde a un rôle et une place dans le film. A noté que le jeune voisin de Coraline, Why-Where-you-Born, dites Wybie (PAS-DE-BOL en français ! Non mais ils ont fumé quoi les traducteurs ?) Wybie donc, n'est pas présent dans le livre. Seul l'évocation d'un Mr Lovat y est vaguement pronnoncé, c'est tout (Le garçon dans le film s'appel Wybie Lovat, juste au cas où vous ne l'auriez pas deviner). En tout cas, on y passe par tous les fronts, des vieilles voisines actrices excentriques à l'étrange Mr B. qui prépare des spectacles avec des souris invisibles, en passant par les parents bien agaçants mais tellement attachants, pour finir avec les habitants de l'Autre Monde, tous plus inquiétants les uns que les autres, à commencer par l'Autre Mère.

Si l'Autre Mère est un "Méchant", elle en est un bien particulier. C'est une créature démoniaque qui prends l'apparence de la mère de la victime, en plus belle et plus gentille pour mieux attirer l'enfant dans ses filets, ou sa toile plutôt. Elle est maligne, manipulatrice et très mauvaise joueuse. Si vous êtes bien attentif, vous pouvez voir dés le début qu'elle n'est pas ce qu'elle prétend être. Un éclat dans les yeux lorsqu'elle propose de jouer, une main qui pianote sur la table impatiement et surtout les boutons dans les yeux, qui la rendent inexpressive et terriblement inquiétante.
Les Autres Habitants ne sont pas mauvais, si on excepte L'autre Mr B et les jeunes demoiselles Spink et Forcible, ils sont juste sous obéissance, ce qui n'empêchera pas l'Autre Père d'aider Coraline à la fin et à l'Autre Wybie de se sacrifier pour elle.

Coraline est un personnage très intéressant quand on y pense. Parce que malgré toutes les bonnes attentions envers elle, elle reste toujours sur ses gardes, méfiante -"Je ne savais pas que j'avais une autre mère..." ou encore -"Je serais ravie de rester mais il faut que je rentre...", etc. On sent qu'elle grandit tout au long du film, qu'elle s'affirme et qu'elle mûrit. Elle accepte entre autre que ses parents ne sont pas parfait et qu'elle ne peut pas être toujours leur centre d'attention. Elle accepte également qu'elle ne puisse pas avoir tout ce qu'elle veut, et le fait que sa vrai vie est ce qui a de mieux en réalité. Et c'est ce qui rend Coraline si attachante. La voir évoluer. Parce que malgré que ses parent sont un peu grognons et pas très présents, Coraline va se battre corps et âme pour les sauver. C'est à partir de ce moment-là qu'on comprend l'amour qu'elle porte envers eux.

Si, si, Coraline est un hymne aux peurs enfantines et à l'enfance elle-même. Tout ce qui est présent dans les cauchemards d'enfant, sont présents ici, que soit la longue main squelletique et décharnée que les rats, que le spectacle de souris, le chat qui parle, la souris qui emmène au tunnel pleins de couleurs, le jardin magique et bien d'autres choses encore.

Un dernier petit mot sur la musique. Tantôt envoûtante, tantôt douce, tantôt onirique. Des thèmes merveilleux qui sauront vous emmener à leur manière sans même avoir recours aux images.

Et pour finir, Coraline est tellement beau, en tant que lui-même et dans les messages qu'il véhicule. J'adore ce film et je ne m'en lasserais sans doute jamais. Pour ma part il est parfait. Je ne vois pas ce qu'il aurait pu mieux faire. Bien au-dessus d'un Frankenweenie. D'un Corpse Bride, et même du petit dernier de Laika, ParaNorman. Fort et prenant. Magique.
Vous ne regarderez plus jamais les boutons de la même façon.
JMcGee
10
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le 4 nov. 2012

Modifiée

le 10 nov. 2012

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JMcGee

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