Henry Selick est un des maîtres du film d'animation image par image. on lui doit déjà, et notamment, L'Étrange Noël de Monsieur Jack. Coraline, son dernier film, est inspiré du conte éponyme de Neil Gaiman, écrit tant pour les enfants que pour les adultes. Le dernier film de Selick est d'ailleurs interdit en salles aux moins de dix ans.
Coraline est une jeune adolescente qui emménage avec ses parents dans une résidence, le Pink Palace, dans un trou perdu. Les autres appartements sont occupés par des gens bizarres : deux anciennes actrices de music-hall (un peu) folles et un dresseur de souris russe et excentrique. Les parents de Coraline, qui travaillent avec acharnement sur un catalogue de jardinage, ne s'occupent pas d'elle. Le seul enfant de son âge qu'elle rencontre est Padbol, garçon qui l'agace énormément. Et il y a ce chat noir arrogant, gâleux et mystérieux... Autant dire que la jeune fille n'est pas spécialement heureuse d'être là et qu'elle rêve d'un monde meilleur...
Ce monde, elle va le trouver derrière une porte dérobée du salon de l'appartement. Meilleur, il ne l'est pas, mais il est en apparence idyllique : tous les gens qu'elle connaît y ont des doubles amicaux, attentionnés, et caetera, et notamment ses parents. Seul problème, pour rester dans ce monde parfait, Coraline devra accepter de remplacer ses yeux par des boutons, comme l'ont fait tous les autres occupants des lieux...
Bien sûr, Coraline refuse dans un premier temps. Mais ce monde paraît tellement meilleur que même les mises en garde du chat noir du Pink Palace – qui peut parler quand il est dans cet autre monde – ne retiennent pas Coraline d'y retourner, jusqu'au moment où elle s'y trouve prisonnière. Elle découvre alors la vérité : ce monde est artificiel, créé sur mesure par l'occupante des lieux, une sorcière, pour l'attirer et lui voler sa vie en même temps que ses yeux.
Faisant preuve d'un grand courage, elle réussira à fuir, mais pour découvrir que ses parents ont disparus, capturés par le sorcière. Coraline n'a pas le choix : elle devra retourner dans l'autre monde pour les délivrer, en affrontant l'horrible femme qui y vit...
Mon résumé est assez exhaustif, s'apprentant en partie à un spoiling. Mais le contenu de l'histoire racontée dans Coraline n'est pas le plus important. À la base, Coraline est un conte pour enfants et adultes écrit par Neil Gaiman (American God, Neverwhere, Anansi boys...). Comme toute fable, elle a surtout un intérêt dans les messages qu'elle veut faire passer. L'histoire en elle-même, si elle est intéressante – et elle l'est dans Coraline – n'est qu'un moyen pour transmettre ces messages, ces morales.
Le roman de Gaiman, porté à l'écran par Selick, met en avant l'importance de la famille : il rappelle qu'on peut s'y sentir mal par périodes, mais finalement, rien n'est plus beau, rien n'est plus doux que le confortable cocon tissé par les parents pour leurs enfants. Évidemment, Coraline met aussi en avant le courage d'une enfant affrontant des dangers terribles, ainsi que la beauté de l'amitié, de la fraternité. En soit, rien que de très banal.
Toutefois, l'histoire prend toute sa mesure avec sa mise en images. L'animation est évidemment de très grande qualité. Certaines scènes permettent une mise en place efficace d'une ambiance mystérieuse et inquiétante (la première balade de Coraline à la recherche du puits, celle de la chasse aux limaces dans la brume...). Les animalcules qui servent la sorcière sont d'abord inquiétants puis effrayants lorsque Coraline dévoile la face cachée de l'autre monde.
Coraline est un film d'animation très réussi, avec un scénario excellent qui s'adresse autant aux enfants qu'à leurs parents. À voir en famille.