Il ne vaut mieux pas rêver sa vie
Coraline est un film très poétique, offrant une morale aux enfants comme aux grands: il faut voir la beauté et le bien dans la vie que l'on vit, et non imaginer que tout serait mieux autrement. Le rêve peut vite tourner au cauchemar. On ne peut bien sûr pas s'empêcher de penser à l'Étrange Noël de Mister Jack, dont la réalisation a été confiée à Henry Sellick par Tim Burton, trop occupé sur Batman.
Bien plus que l'histoire racontée, c'est le côté graphique du film qui m'a séduite. Le stop-motion, ça fonctionne carrément bien et ça a beaucoup plus de charme que les images de synthèse.
La 3D est carrément sublime par moment (je crois d'ailleurs que c'est le seul film en 3D qui m'a plu). Les images sont très inspirées des tableaux de Van Gogh: le bleu et le jaune sont très présents. Bref, un petit bijou visuel, surtout lors des passages dans le monde de la nuit.
Il y a d'ailleurs un réel contraste entre les scènes de jour, dans la vie réel (couleurs ternes, tirant vers le gris) et les scènes de nuit, dans l'autre monde, de l'autre côté de la porte (couleurs chatoyantes). Ces couleurs reflète la vision qu'a Coraline de sa vie: elle trouve le monde réel ennuyeux, fade et s'imagine un monde réchauffé de couleurs, où elle serait forcément plus heureuse. Mais trop du sucre et c'est l'indigestion! Ce déchaînement de couleurs cache forcément quelque chose de mauvais. Tout cela est un peu facile, mais ça n'en reste pas moins joliment fait.
La symbolique des boutons à la place des yeux est forte. Certaines croyances placent les yeux comme étant le miroir de l'âme. En lui demandant de renoncer à ses yeux, c'est à son âme que Coraline devra renoncer. Un fort prix à payer, trop fort pour ne pas éveiller des soupçons et révéler l'amour de façade que portent ces parents de substitution à son égard.
Le film a quelques longueurs toutefois, c'est ce qui m'empêche de lui mettre plus, surtout au re-visionnage. Pour autant, c'est une jolie réussite.