Cosmopolis ou le portrait inachevé
J'avoue : lorsque je suis rentrée dans la salle pour aller voir Cosmopolis, j'emportais avec moi un énorme bagage rempli d'a-priori négatifs. En clair, je m'attendais vraiment à de la m.... : blabla pompeux sur la finance et son impact sur notre société, film taillé pour casser l'image un peu lisse d'un ex-vampire foireux, 1h48 d'ennui mortel entre questions pseudo-existentielles et philosophiques. La totale.
Au final, je ressors moins déçue que prévu.
Le film est bavard, certes (trop sans aucun doute), mais j'ai rapidement intégré que, pour rentrer dans le film, il ne fallait pas chercher plus loin que ce que l'on nous montre, à savoir la descente aux enfers d'un magnat de la finance qui voit son univers s'écrouler à cause d'un manque d'anticipation de sa part sur l'analyse des marchés.
Ne pas chercher plus loin que ce qu'on nous montre, c'est à dire : ne pas chercher à comprendre ce que l'on nous dit, faire abstraction des dialogues (sans queue ni tête parfois, énonçant des banalités souvent), s'en arrêter à l'image et à la mise en scène, qui sont plutôt réussies. Pour moi, ce film est simplement un portrait d'Eric Packer, ce golden boy coincé entre ses petites habitudes quotidiennes, sa peur de la mort, son trop-plein de confiance et son égocentrisme... portrait dont la peinture s'écaille (comme celle de sa limo) progressivement, en réaction au chaos ambiant. Les personnages secondaires ne sont là que pour servir de miroir, afin que l'on cerne mieux la personnalité d'Eric, jusqu'à son désir de destruction, d'autodestruction.
Si je ne parviens pas à lui mettre la moyenne, c'est parce que j'attendais un point final au portrait, et que je ne l'ai pas vu (ou pas compris). La scène entre Giamatti et Pattinson m'a laissé un goût d'inachevé. Peut être est-ce ça, la conclusion du film : si Packer représente toute l'indifférence destructrice (du pouvoir), Benno est le désespoir du monde qui subit, et les deux continueront de cohabiter dans une construction inachevée, se menaçant l'un l'autre, se violentant l'un l'autre, mais sans jamais s'annihiler.