Il faut reconnaitre que la crise financière actuelle est une source d'inspiration. Après "Wall Street" et "Capitalism : A love story" et simultanément à "Margin Call", dans "Cosmopolis" il est question de l'effondrement du système capitaliste. Seulement voilà, si les films cités précédemment ne sont pas difficiles à comprendre, le sens ou plutôt les sens de "Cosmoplis" sont sensiblement moins évidents. La fin (très) ouverte est propice à de nombreux questionnements alors qu'on a déjà passé presque deux heures à se bombarder de questions. Mais citons deux éléments relativement clairs du film.

Tout d'abord, Cronenberg dépeint l'état d'esprit et les caractéristiques d'un trader lambda. On le note particulièrement lorsque, évoquant l'idée d'une monnaie commune, le rat, deux financiers (Packer et son accolite) déroulent immédiatement plusieurs variantes du rat, complexifiant un système simple, trop simple ou plutôt duquel un trader pourrait tirer beaucoup d'avantages. Rates enceintes et rats malades sont parmi ces variantes. Finalement, le rat mort s'impose comme une évidence dans leur nouveau "modèle".

Ensuite, alors que le chaos règne dans les rues de la ville, le trader Packer continue de chercher à tirer profit de l'événement responsable de la situation des insurgés, isolé dans sa limo taguée. L'isolement de Packer n'est que superficiel car, s'il tire les ficelles du cyber-marché quitte à adopter l'impassibilité et le ton monocorde des objets électroniques, il cherche aussi durant tout le film à assouvir des envies primaires telles que la recherche de nourriture. Il est néanmoins tenu responsable du dérapage social dont l'origine n'est, dans le film, rien d'autre que la baisse du Yuan et plus généralement le système financier dont Packer est un acteur. Un ancien de ses employés finira par avouer qu'il n'a pas supporté les contraintes croissantes que Packer lui imposait, l'accusant d'être à l'origine de l'invention de termes tels que les nano-secondes. Une visiteuse de la limo voit dans ces mots la preuve singlante que le temps appartient désormais à un marché imprégné d'un libéralisme destructeur.
shinkubara
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le 9 juin 2012

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