Avant de voir ce film il y a pas mal d'années, je n'avais jamais entendu parler du cuirassé allemand Bismarck mais plutôt de son équivalent, le Tirpitz, croisé je ne sais plus où dans des livres (McLean, dans HMS Ulysses, peut-être) ou d'autres films.
Donc, ça tombe bien, le revisionnage du DVD est l'occasion d'éclaircir ce petit point historique. Et pour faire très court, si on parle en général, plus du Tirpitz que du Bismarck, c'est principalement à cause de sa durée de vie et de sa capacité de nuisance qui a été nettement plus longue pendant la seconde guerre mondiale puisqu'il n'a été coulé qu'en 1944 alors que le Bismarck n'a pas dépassé mai 1941 (avant même l'entrée en guerre des Etats-Unis). Me voilà content d'avoir éclairci un petit mystère. Pour finir, le Tirpitz a fait l'honneur de deux films (britanniques), l'un en 1955 et l'autre en 1968, que je ne connais absolument pas.
Donc, en 1960, il ne reste plus au britannique Lewis Gilbert que de se contenter du frère jumeau du Tirpitz, le Bismarck. Façon de parler, car il s'agit aussi – dès 1941 – de parler d'une belle victoire de l'Amirauté britannique (et non des Alliés) après, certes, de nombreuses déconvenues car l'animal, le Bismarck, semblait mieux pourvu en puissance de feu que les meilleurs navires de "Sa Majesté".
Après cette utile digression, si on revient au film, on a affaire à un classique du genre. Le scénario est robuste et très lisible, voire même didactique puisque le circuit des décisions correspondant à la traque du navire est amplement explicité permettant au spectateur de suivre facilement les différents enjeux et les différentes tactiques. Le Noir et Blanc permet d'ailleurs d'ajouter presque une touche d'authenticité, sinon un aspect documentaire.
Bon, qu'on ne me demande pas si les avions ou les armements ou, pire, les uniformes, correspondent bien au modèle 2.1 et non 5.3 car, honnêtement, je m'en fous complètement. L'important, pour moi, c'est de croire à l'histoire que je vois et au jeu des différents acteurs. Et à ce niveau-là, le film me parait sans faille et suffisamment vraisemblable. Je dirais même que les différentes variations de rythme du film sont très crédibles et bien caractéristiques de ces opérations commandées à distance où il y a d'inévitables périodes d'inaction ou d'attente entre les attaques ou les ripostes.
Côté distribution, j'ai bien aimé Kenneth More dans le rôle du capitaine, commandant le bureau des opérations, dans sa rigidité d'officier complètement investi mais aussi dans ses faiblesses (si tant est qu'un peu d'humanité soit une faiblesse), là encore convaincant.
Il en est de même de Dana Wynter (que je ne connais pas) dans le rôle d'assistante, qui amène un peu de fraicheur et de féminité dans ce monde de brutes épaisses.
Au final, c'est un film de guerre (ou de marine de guerre) intéressant et efficace, que j'ai plaisir à revoir de temps à autre.