Si on prend une suite, un reboot, un préquel, la comparaison avec l'original est facile, parfois injuste. Dans le cas d'un remake, comment voulez-vous faire autrement ? À moins d'en retourner la plupart des pièces maîtresses ou la narration, on est instinctivement conduit à tracer un tableau à deux colonnes pour compter les plus et les moins entre l'œuvre séminale d'un côté et sa réplique de l'autre. Alors, le match Ne coupez pas !/ Coupez ! ça donne quoi ? Eh bien c'est assez serré.


Michel Hazanavicius n'entend pas jouer les faussaires, son film assume frontalement sa nature de reprise. Ça ne se limite pas à sa première demi-heure, recopiée quasi à l'identique sur le cultissime Kamera o tomeru na!. La suite va carrément rajouter une couche de mise en abyme, dans une posture qui relève à la fois de l'hommage et d'une suite logique pour un expert de la relecture ou du pastiche comme Hazanavicius.


C'est d'ailleurs au cours de ce second acte qu'on trouve le plus d'ajouts, à commencer par le tiercé gagnant Grégory Gadebois, Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard. Ils sont tous les trois utilisés à bon escient, du registre le plus absurde au plus scato. On retrouve également la plume très caustique du réalisateur d'OSS 117 au cours de dialogues improbables sur les différences culturelles, les modifications du script.


Shin'ichirô Ueda se servait de la comédie pour crier son amour du cinéma en tant qu'art de la galère. Le réalisateur français opte lui pour la galère en tant qu'art, puisque tout semble échapper au contrôle du supposé chef d'orchestre (Romain Duris, très bien), des réécritures incessantes au cynisme de la production. La victoire du collectif à l'arrachée laisse place à un triomphe à la pyrrhus dont on ressort réconciliés.


De petites choses éparses qui donnent à Coupez ! sa spécificité et rappellent que Hazanavicius n'est jamais meilleur que quand il pirate sa source de l'intérieur. Pour le reste, c'est du coude-à-coude. La première partie me semble un peu plus maîtrisée dans sa version japonaise, et la troisième améliore certains enchainements puis en bâcle d'autres. Quant à la dimension familiale, cela reste le point faible des deux longs-métrages.


Lequel regarder ? Ne soyez pas idiots, courrez-voir ce très bon remake en salles et rattrapez l'original chez vous. Ils le valent bien.

ConFuCkamuS
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le 18 mai 2022

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