Crawl
5.7
Crawl

Film de Alexandre Aja (2019)

Quand Aja propose de remettre le couvert dans le milieu aquatique, difficile de rechigner. On se souvient de ses piranhas, de suite on frétille. Des crocos au menu ? Servis en huis-clos ? Sur un ton sérieux, loin des frontières de la parodie précédemment explorées ? Avec plaisir ! Faites donc m’sieur Aja, si vous employez ce talent qui fit naître en d’autres temps le remake de la Colline a des yeux au service de gros reptiles, je réserve ma part avec gourmandise.


On attend pas le chef d’oeuvre c’est certain mais on peut se permettre d’espérer quelque chose d’euphorique, de jubilatoire, peut-être même d’inventif, c’est Aja après tout. Et forcément, même sans attente, c’est la déception qui pointe. Le ton de Crawl est loin de Piranha 3D, loin de l’aspect presque parodique de son grand frère et cela n’est pas un mal, bien au contraire, un film premier degré qui croit en son histoire, j’suis pas contre. Mais ça implique également de construire une mise en scène et peut-être, oserons-nous l’espérer, des personnages consistants qui puissent tenir en haleine un public déjà fortement nourri aux dents de la mer, de la terre, des marais, des forêts et j’en passe. De la traque animale, on en a déjà vu un paquet.


Et donc non, à aucun moment le film ne tient les grandes promesses que le nom de son réalisateur seul pouvait formuler. Tout est convenu, prévisible, déjà vu dans de multiples DTV oscillant entre le honteux et le passable (Bait 3D, une pensée pour toi, naveton généreux à jamais incompris) et l’ensemble laisse sur le bout de la langue l’impression qu’Aja, dans son plaisir personnel de jouer avec des lézards, se perd un peu, s’enlise dans son sous-sol vaseux et s’égare dans ses idées pour ne rien en ressortir de très émoustillant. Tout stagne, se répète, s’empêtre dans des relations plates entre des personnages sans grande profondeur (personnages secondaires rapidement gobés, personnages principaux avec une peau en kevlar) et l’espoir d’avoir une scène qui puisse rester en mémoire s’amenuise progressivement. Oui ça rend un peu grognon de voir ce gars, pourtant si doué pour l’installation de climats anxiogènes en d’autres temps, tout miser sur les jumpscares en série, tous plus prévisibles et inefficaces les uns que les autres. Et même si c’est désormais le lot de tous ces films de bêtes affamées (The Shallows, Primeval, The Meg...) et qu’on pourra arguer qu’on savait à quoi s’attendre en payant la place, ce n’est pas vraiment une raison pour ne plus espérer un jour retrouver un film qui saurait aménager une mise en scène de bestioles avec un peu de classe, de doigté et de mesure dans le rythme (il y en a tout d’même hein, une pensée pour Black Water, 47 meters down ou encore le vraiment trop peu connu Backcountry par exemple).


Reste qu’Aja a tout de même un sens de l’image, qu’il sait constituer quelques plans sympathiques, jouer avec les teintes, donnant une dimension presque fantastique à certains de ses plans (la scène de la tanière est sympa avec ses reflets verts tout droit sortis d’Alien). Il a encore quelques sursauts d’inventivité, on ne peut pas le nier, jouant par exemple relativement bien avec les arrières plans, mais tout cela reste trop rare et bien trop enfouis dans cet ensemble sans grande consistance. Ca m’embête de le dire mais il y a un bon nombre de DTV du même genre que j’aurais préféré voir au ciné.

zombiraptor
6
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le 24 juil. 2019

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zombiraptor

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