J'ai toujours eu des préjugés sur les comédies sentimentales. Pour deux raisons : elles ne me font pas rire (on repassera pour la comédie), et c'est irréaliste concernant le romantisme (on repassera pour les sentiments). Globalement, quand un film d'une certaine catégorie ne répond même pas au titre de sa lignée, c'est rarement sur la bonne voie. Une dizaine d'exemples (j'allais écrire "des centaines", mais compte tenu de la proportion de films décevants par rapport à celle de films vus, j'ai vite quitté ce rayon des vidéoclubs), une dizaine d'exemples disé-je, me font encore horreur lorsqu'ils se rappellent à mon bon souvenir.


Alors, quand je me suis décidé (enfin, à défaut d'autres films - changement de programmation dans le cinéma, et annulation de celui qui m'intéressait), quand je me suis résigné donc, à aller voir le nouveau film de Glenn Ficarra, ce n'était pas franchement sans a priori. Glenn Ficarra avait su m'émouvoir et me faire rire avec I Love You Phillip Morris, je me suis donc dit "Pourquoi pas, en plus il y a Kevin Bacon, je l'aime bien lui, et puis ça va me changer les idées".


A ce stade de la critique je me permets de foudroyer mentalement les 8/10 et consorts que j'ai pu voir ici et qui m'ont littéralement conduit dans la mauvaise salle. Non pas que le film fut honteusement mauvais, mais ce n'était simplement pas du tout ce que j'ai pu lire ici. "La comédie romantique de l'année" et autres hilarités m'avaient en effet plus ou moins persuadé intrinsèquement de la qualité de ce film.


En fait de comédie romantique de l'année, on assiste à celle de l'an dernier, à celle de l'an d'avant, et remontant ainsi jusqu'au paléocène. Comme toutes les comédies romantiques du monde (ou leur quasi-entièreté), c'est un festival de déjà vu, un défilé de conventions, une somptueuse visite de lieux communs, un exhaustif répertoire de clichés. Desservis par les situations convenues, les personnages stéréotypés le sont parfois jusqu'à l'outrance : le gosse-qui-a-tout-compris-mieux-que-les-adultes est d'une lourdeur encombrante. Dans l'ultime acte du métrage, lors de l'inévitable et embarrassante scène du discours qui-fait-réaliser-à-tout-le-monde-que-l'amour-c'est-beau, on a juste envie de lui enfoncer son micro là ou le soleil ne brille jamais.


Le cliché est "utile ici, pour le détourner", ai-je pu lire. Mais face au film, je n'ai pu que constater à quel point ledit détournement manquait cruellement de verve. En tout et pour tout, une unique saillie de Steve Carell, désabusé, sous une pluie battante : "C'est tellement cliché". Oui, mais encore ? Suffit-il de dire à vos invités "Si ces muffins sont si épouvantables, c'est que j'y ai mis des matières fécales" pour qu'ils les dévorent soudain avec ardeur ? Hé bien ici, c'est la même chose. Oui, c'est cliché. Point. Comment donner du poids à cette réplique qui n'a finalement aucun sens ? Car tout le film est cliché. Ce n'est pas le tout d'en faire une allusion rigolarde au spectateur; si le reste ne suit pas, le clin d'oeil devient ni plus ni moins qu'une odieuse lapalissade.


On ne passera pourtant pas à côté des nombreuses qualités sympathiques de Crazy, Stupid, Love. Quelques séquences drôles, des acteurs plaisants (enfin, Ryan Gosling a toujours une tronche de jeune branleur, mais c'est aussi son rôle ici, dans ce sens il est d'une justesse bienvenue), quelques séquences drôles, des acteurs plaisants, et bien sûr quelques séquences drôles.


Un film que je recommande de voir si, imaginons, votre cinéma décide de modifier sa programmation en supprimant votre séance, ou simplement si vous voulez savoir à quoi ressemblait la comédie romantique au paléocène.

Minou
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le 29 sept. 2011

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Minou

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