La période cinématographique actuelle est marquée et le sera encore par le retour de vieilles légendes, des dinosaures de Jurassic Park à Star Wars en passant par une nouvelle équipe de Ghostbusters. Plutôt que de rebooter complétement des sagas cultes, Hollywood vise désormais le film " passage de relai " où les vieux s’en vont pour laisser place aux plus jeunes. C’est dans cette catégorie que boxe, avec beaucoup de talent, Creed de Ryan Coogler....
Marcher sur les traces mais pas dans l’ombre, tel sera le défi d’Adonis fils d’Apollo Creed, porté par un Michael B. Jordan totalement à fond dans le rôle. La finesse d’écriture du personnage par Ryan Coogler est intéressante : plutôt que de nous offrir les aventures du " fils de ", ce qui pose généralement des problèmes, le réalisateur également scénariste et à l’origine de ce spin off préfère s’intéresser à un vrai et digne successeur d'Apollo. Il sera donc question de filiation et de passage de relai à une nouvelle génération qui se cherche. Adonis doit-il porter le nom de son père et l’assumer ou tenter de se faire son propre nom ? C’est toute l’interrogation qui sera posée...
Creed est un vrai film de cinéma, bien plus qu’un produit calibré et désincarné. Découpage millimétré, mise en scène intelligente, se préoccupant sans cesse du sens de ce qui nous est raconté ( voire les deux incroyables combats qui rythment le film et dont le découpage s’oppose ! ), tout converge pour faire du métrage un récit parfaitement tenu et narré. Mais le réalisateur ne mène pas son combat qu’à l’image, c’est dans son scénario que se livre la plus belle bataille du film. Le cinéaste parvient ainsi à conjuguer l’hommage au passé, grâce à un Stallone dès plus touchant qui charrie dans son sillage une mélancolie évidente avec une réinvention des codes de la saga...
Ici, Stallone rend les armes, et c’est magnifique. "L’important, c’est de se faire cogner et d’aller quand même de l’avant, c’est de pouvoir encaisser sans jamais, jamais flancher. C’est comme ça qu’on gagne". Cette phrase, c’est un Rocky blasé par la vie qui la prononçait en 2006. En 2016, quand il n’y croit plus, c’est le jeune Creed qui l’aide à retrouver cette conviction inébranlable que la vie est un combat qu’il ne faut surtout pas lâcher. On peut trouver ça naïf. Mais on peut aussi trouver ça tout à fait bouleversant !!!