Je ne suis pas un grand fan de la saga Rocky (faut dire ce qui est, la plupart des films ne sont pas terribles, voire nanardesque), et je n’ai même toujours pas rattrapé celui de 2006. Pourtant, les bruits autour de ce spin-off avaient attisé ma curiosité, me demandant bien ce qu’il pouvait proposer qui changerait autant la donne. La réponse est que oui, si on aime les films Rocky, celui-ci est sans aucun doute le meilleur depuis le premier film et c'est un régal !
Outre le fait de jouer sur la corde sentimentale en décidant de suivre le rejeton du grand Apollo Creed, le film a également une structure narrative très similaire, très symétrique, au premier, presque au niveau d’un remake. C’en est presque amusant par moment, que ce soit dans les clins d’œil évident, mais aussi le rôle donné aux personnages, les ressorts scénaristiques, l’évolution du personnage. Là où j’ai beaucoup apprécié le travail fait sur l’écriture, c’est qu’on retrouve un Rocky plus humain, avec ses défauts, ses faiblesses. D’ailleurs, le parallèle fait avec Adonis sur leurs combats respectifs est très bien mené, très motivant aussi.
Le film est donc presque un remake du premier, le contextualisant dans une boxe plus moderne (que ce soit dans le sport lui-même, mais la communication autour du sport lui-même), mais en même temps, il a une saveur particulière. Un petit quelque chose propre qui fait qu’il fonctionne et peut vivre par lui-même. Il rend hommage à ses aînés, mais à l’image de son personnage principal, il crée sa propre histoire, il se fait un propre nom. C’est un procédé assez classique dans le genre de film initiatique, ce double-parallèle, mais il est ici très bien utilisé. Et puis si les histoires sont très proches, Rocky et Adonis sont très différents également dans leurs motivations, leur façon de vivre… Il y a une certaine complicité entre les deux, mais surtout une complémentarité, et c’est ça qui donne vit au film.
Après voilà, comme je l’ai dit, on retrouve la trame narrative du premier film, presque scène à scène, ce qui rend le combat final un peu banal au final, presque bateau, sans saveur. Parce qu’on sait comment ça va se terminer, on sait ce qui va se passer, comment la légende va se créer. Parce que c’est ça que sont les films Rocky à la base. D’ailleurs, la conclusion même du combat et la dernière réplique de Conlan viendront un peu comme un cheveu dans la soupe, car non seulement on s’y attendait, mais c’est le seul moment du film qui est mal dosé. C’est un peu dommage, alors que ça fonctionnait très bien jusqu’ici, sachant même jouer sur la fibre nostalgique du spectateur quand il le fallait.
Le casting est globalement correct. Stallone arrive à se mettre suffisamment en retrait, à l’image de son personnage, et propose une prestation dramatique et mélancolique qui colle très bien à l’évolution de son personnage, renouant justement avec le Rocky des débuts. Quant à Michael B. Jordan, s’il est éblouissant dans les différentes facettes de son personnage, que ce soit les moments de faiblesses ou quand il s’agit de cogner, il lui manque un petit quelque chose pour vraiment prendre tout l’espace à l’écran. Il est charismatique, touchant, amusant, mais il est presque trop sage.
Techniquement, le film est correct. La bande son n’est pas trop ma tasse de thé, je l’admets, mais ça accompagne bien le film, et la musique utilisée ici et là fera l’office. Les décors sont corrects également (c’est d’ailleurs marrant de voir l’évolution par rapport aux premiers, on sent que la boxe est un monde complètement différent, j’ai beaucoup aimé). Quant à la mise en scène de Coogler, elle est percutante, efficace et magistrale. Le monsieur se payer même le luxe de proposer quelques plans-séquence ici et là, dont un sur le ring, qui aura le mérite de transcender son sujet. Ce n’est pas parfait, la plupart des scènes intermédiaires restent très classiques, mais le montage est quant à lui de très bonne facture, ce qui renforce le rendu visuel final du film.
Du coup, effectivement, Creed est le meilleur film de la série depuis Rocky. Il fonctionne très bien dans l’ensemble comme en tant que spin-off. Après, tout aussi honnêtement, n’étant pas forcément fan de la saga, je n’ai pas non plus été emballé par le film. Il est efficace, globalement bon, mais de là à en faire une œuvre majeure, pas encore.