La médiocrité de Creed se résume en une phrase; pas écrit par Sylvester Stallone. Après six films de la franchise Rocky écrit par Stallone, il passe la torche au jeune Ryan Coogler, qui devait encore faire ses preuves malgré un premier essai très reconnu (Fruitvale Station). Ce n’est pas avec Creed que sa carrière sera lancée malheureusement. L’ambition était là, mais on se perd dans le simple fait que l’unique idée était de faire un “black Rocky”. La grosse différence, c’est que l’histoire de Rocky était croyable et le personnage était attachant. Michael B. Jordan offre une bonne performance, mais il a un des personnages les plus cartonneux de l’année.


Rocky commence comme étant un nobody, un loser pas en forme qui grimpe les échelons pour devenir un champion. Adonis Creed commence avec une fiche de quinze victoires, aucune défaite. Avant même que le film commence, Adonis est déjà un champion. Pas grand chose à faire maintenant pour remplir les 2h15 à part faire de constantes références aux précédents opus de la franchise. L’idée que Rocky devienne l’entraîneur du fils de son meilleur ami décédé est excellente, mais elle est tellement mal exécutée que tout l’intérêt disparaît en quelques minutes. Rocky n’a vraiment que quelques trucs à lui apprendre. Il ne “l’entraîne” pas en tant que tel.


Bien sûr, la franchise Rocky n’est pas que combats de boxe et training montages. La vie personnelle des personnages est ce qui prend le plus de place, particulièrement dans les derniers épisodes. L’histoire d’Adonis est à en bailler pendant des heures. Il rencontre sa petite amie, sa voisine qui fait trop de bruit, alors qu’il était sur le point de lui dire sa façon de penser, sauf que UH OH SPAGHETTI-O’S il la trouve de son goût et, tout d’un coup, son mauvais caractère devient charmant et ça prend un gros 15 minutes de développement de personnage avant qu’ils deviennent Roméo et Juliette. Ce n’est pas un parcours sans embûche quand même. Il doit vivre avec le nom de son père… ce qui ne change absolument rien, malgré le fait que tout le monde en fait tout un plat constamment. Le scénario n’est jamais altéré par le fait qu’il soit le fils d’Apollo Creed. Une bonne dizaine de scènes sont donc rendues inutiles et on aurait pu coupé une bonne demi-heure de stock.


La scène de combat finale est, tant qu’à elle, hit and miss. Les coups au ralenti pour nous rendre nostalgique, mais un style réaliste qui fait plus penser à un film sur l’UFC. Les commentateurs comme dans l’original avec une musique proportionnellement épique (oui, le thème de Rocky fait son apparition le temps de quelques secondes), mais aucune dynamique dans les chorégraphies de combat, rendant l’action extrêmement répétitive. Ça résume bien l’entièreté dans la réalisation d’ailleurs. Constamment en train d’essayer de faire des clins d’œil à l’original, d’amener la nostalgie en amenant les derniers moments de Rocky Balboa, mais sans être capable de faire quoi que ce soit par soi-même. On tente l’approche Scott Pilgrim avec les statistiques qui flottent à côté des adversaires, mais on le fait un gros total de deux fois. Deux seules très courtes fois.


C’est dommage pour Sly, qui se donne à 110%, une des meilleures performances de sa carrière, mais Creed n’est même pas à la hauteur du pire des Rocky. Oui, j’inclus Rocky V. Sue me. En étant le 7ème opus d’une franchise, il est inévitable de faire des comparaisons et le changement d’environnement, de culture, n’est juste pas assez bien fait pour que ce soit acceptable. On voudra seulement aller réécouter les originaux, question de se sentir plus nostalgique.

LouisEricBacon
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le 24 oct. 2018

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