Mon Dieu, qui a versé cette grande tasse de noirceur dans mon Ozu ? Tous les plans ont des ombrages portés très marqués ; on fait des allers-retours entre un tripot, un bar miteux, un commissariat, un service des urgences ; tous les personnages ont des traits tirés, écrasés par la vie.


C'est vraiment frappant. L'histoire n'est pas révolutionnaire (une mère qui a fauté pendant que son mari était en Corée n'a pas vu grandir ses deux filles, qui traversent une période difficile ; l'une d'elle doit avorter sans rien en dire à personne ; en découvrant cette mère qu'elle n'a pas connue, cela remue des pensées encore plus négatives chez elle), mais la narration est très subtile et réussie, nous faisant comprendre la portée dramatique des scènes avant même de bien en cerner les enjeux.


Je serais curieux de savoir pourquoi Ozu est allé vers un tel changement de ton. Le revers de la médaille (mais moi cela ne me gêne pas), c'est qu'en allant vers le film social qui explore les bas-fonds, Ozu s'inscrit davantage dans un genre identifiable. Encore une fois, cela ne me pose aucun problème.


Content de savoir que ce film existe. Merci Arte !

zardoz6704
7
Écrit par

Créée

le 30 nov. 2023

Critique lue 14 fois

2 j'aime

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 14 fois

2

D'autres avis sur Crépuscule à Tokyo

Crépuscule à Tokyo
Teklow13
9

Critique de Crépuscule à Tokyo par Teklow13

Sans perdre la pudeur et la délicatesse qui fondent son cinéma, Crépuscule à Tokyo se démarque un peu de ses autres films. C'est son film le plus sombre et le plus mélodramatique que j'ai vu jusqu'à...

le 12 sept. 2012

12 j'aime

Crépuscule à Tokyo
philippequevillart
8

Lumière aveugle

Avec Crépuscule à Tokyo, on reconnaît explicitement la marque Ozu, c’est indéniable. Plans filmés à hauteur de tatami, couloirs étroits, une caméra non mouvante, ce qui n’empêche nullement une...

le 13 mai 2019

10 j'aime

Crépuscule à Tokyo
abscondita
8

Quand Ozu fait du tragique...

Crépuscule à Tokyo est le dernier film noir et blanc d’Ozu, un film très particulièrement sombre et même tragique. On y retrouve les thèmes chers à Ozu : la famille, le temps qui passe, la solitude...

le 20 févr. 2024

9 j'aime

7

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

40 j'aime

6