Quand Quentin Tarantino, qui n'a pas la réputation d'être le réalisateur à la filmo la plus tendre et délicate au monde, parmi les milliards de films qu'il admire, a qualifié cette œuvre, que l'on doit à un ancien assistant d'Ingmar Bergman, de "revenge movie le plus violent", on se doute bien que l'on est dans du sérieux. Évidemment, il a repris des éléments de l'ensemble pour Kill Bill. Le tout est additionné au fait que c'est le deuxième film suédois à avoir connu les joies de la censure d'un pays pas spécialement réputé pour être très sévère à ce niveau-là. Tout cela donne envie.


Mais ce qui donne certainement le plus envie, c'est cette image iconique de cette jeune héroïne borgne, tout de noir vêtue, pointant son fusil à canon scié.


Ouais, les gros points forts de l'ensemble, c'est sa protagoniste, muette en plus d'être borgne, et l'actrice qui lui prête sa peau, une sublime, mémorable et charismatique en diable Christina Lindberg. Sa performance est enthousiasmante.


Pour ce qui est du film en général, les maladresses sont nombreuses (le dialogue ultra-explicatif des deux campagnardes, les ralentis et les hurlements dignes d'une série Z philippine, les voitures qui explosent avec une rapidité incroyable, etc. !), tout comme les invraisemblances (une jeune fille qui a été violée pendant son enfance montant sans hésiter dans la voiture du premier inconnu rencontré ou encore le fait qu'elle puisse s'entraîner dans plusieurs disciplines sans être gênée par son bourreau entre nombreux autres exemples !).


Mais il y a une telle atmosphère sombre, une telle noirceur dans ce qui est suggéré et surtout dans ce qui est montré, un climat apocalyptique, une telle force se dégageant du personnage principal (celui-ci apparaissant même comme un véritable ange de la mort !) que j'ai été happé du début jusqu'à la fin.


Quelques séquences chocs inoubliables avec de véritables pénétrations sexuelles, mais tellement froides, mécaniques, que je les ai plus vues comme des éléments d'un film d'horreur que comme de la pornographie, traduisant le véritable calvaire qu'est en train de vivre la jeune fille à l’œil unique, une référence au Chien andalou avec la scène où on voit l'iris de notre malheureuse se faire crever, terrifiante de réalisme (selon la rumeur, cela avait réalisé sur un véritable cadavre dans un hôpital ; bizarrement, qu'elle soit vraie ou fausse, je suis heureux de n'avoir appris cela qu'après avoir vu le film !), une idée de mise en scène brillante où la caméra filme le mac en train de poursuivre en voiture sa victime, mais qui fait entendre dans le même temps, le souffle désespéré de la jeune femme essayant de fuir, et ces dernières minutes si crépusculaires, avec cette vengeance implacable, sadique qui n'aurait pas détonné dans un Corbucci.


Pas étonnant que Tarantino ait kiffé...

Plume231
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le 11 nov. 2021

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Plume231

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