Dans ma mémoire le nom de Kevin Costner est rattaché à toute une époque, celle des Incorruptibles (1987), de Danse avec les loups (1990, oscar du meilleur réalisateur et l'Oscar du meilleur film) et de Bodyguard (1992). Il faut bien sûr rajouter JFK, sous la direction d'Oliver Stone et Un monde parfait sous celle de Clint Eastwood.
Autant dire qu’après l’avoir perdu de vue – notamment suite au naufrage de Waterworld et de Postman – je n’imaginais pas croiser à nouveau le chemin de cet acteur (resté actif en musique et à la télévision américaine).
En ce sens « Criminal : un espion dans la tête » a ravivé en moi un parfum de nostalgie, l’impression de croiser une vieille connaissance victime du hasard, ou de mauvais choix ou tout simplement d’une désaffection lente et insidieuse du public.
C’est donc avec une bienveillance (excessive ?), une mansuétude (aveugle ?) et un plaisir (coupable ?) que j’ai visionné ce film. Kevin assure, incarnant un personnage complexe puisqu’il doit rendre crédible un condamné portant deux entités en lui : celle d’un sociopathe violent et celle d’un héros du FBI. Son entourage, composé d’acteurs connus (Tommy Lee Jones, Gary Oldman et Ryan Reynolds pour ne citer qu’eux) fait le job sans apporter de réelle plus-value. Le montage tient la route, les scènes d’actions sont lisibles et prenantes sans céder à la manie du hachage stroboscopique.
On retrouve dans le scénario quelques empreints discrets. Entre autres le prisonnier que l’on vient chercher (comme dans Rock avec Sean Connery), le tempo par instants de la Mémoire dans la peau, les errances du Fugitif (à l’époque poursuivi d’ailleurs par Tommy Lee Jones).
Rien d’inoubliable, rien de définitif donc dans cette livraison raisonnablement formatée (qui n'a rien d'un film de S.F, l'aspect futuriste n'est qu'un prétexte vite oublié). C’est juste au final un bon moment qui se laisse appréhender sans déplaisir mais qui, pour les nostalgiques de Kevin Costner, mérite le détour.