Je ne sais pas ce qu'il y a de plus drôle entre le contenu de cette comédie dystopique, qui prend pour cadre un futur très proche dans lequel le président des État-Unis demanderait à tous les citoyens de signer une sorte de charte faisant office de serment de loyauté envers le gouvernement, ou le fait que la dimension dystopique de cette satire potache ne tient qu'à un fil. Évidemment, la signature de ce document n'est pas obligatoire. Évidemment, ceux qui ne la signeront pas s'exposeront à des risques variés et ne bénéficieront pas de certains avantages (fiscaux, sociaux, etc.). Évidemment, les débats autour auront tôt fait de tourner au cirque triste et au pugilat général proche de la guerre civile. Qui plus est lorsque la date butoir est fixée le jour du Black Friday.


The Oath ne fait pas souvent dans la dentelle, entre ses accès satiriques pour railler tout le spectre des inepties politiques qui gangrènent l'espace, de la Maison Blanche à l'intérieur d'un foyer lambda, et ses saillies comiques qui n'en finissent pas de verser dans l'humour noir et la pratique des stéréotypes. On ne doute à aucun instant de la pensée de l'acteur-réalisateur-scénariste Ike Barinholtz, ses opinions sont relativement claires, mais ça ne l'empêche pas de manifester une forme de subtilité épisodique ou un goût pour certains détails pertinents au milieu du chaos.


On se doute que la présidence actuelle a beaucoup influencé l'écriture du scénario, et la foire d'empoigne dans laquelle on se retrouve à plusieurs reprises ne paraît pas particulièrement improbable. Sa volonté de souligner les divisions profondes qui fracturent la société américaine est on ne peut plus évidente, et si elle n'a pas les faveurs d'une quelconque originalité, on peut tout de même apprécier le soin apporté à la description de la cacophonie omniprésente. Plus on avance et plus les argumentations perdent le peu de sens qu'elles pouvaient contenir à l'origine, enfermant les débats houleux dans de belles coquilles vides. De cette incompréhension totale entre les différentes parties, liée au refus de raisonner autant qu'au refus d'écouter les arguments antagoniques, naissent des tensions et des troubles cognitifs sidérants. Aussi amusant qu'effrayant, comme souvent.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/The-Oath-de-Ike-Barinholtz-2018

Morrinson
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le 3 juil. 2019

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