Crossing the Line
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Crossing the Line

Documentaire de Daniel Gordon (2007)

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Crossing the Line (2006) / 90 min

Réalisateur : Daniel Gordon.

Mots-clefs : Britannique ; Corée du Nord ; Documentaire.

Le pitch :

En 1962, un soldat américain déserte son unité et traverse la frontière ennemie afin de s’enfuir en Corée du Nord. Il devient rapidement une star de la propagande nord-coréenne au point de jouer dans de nombreux films. Aujourd’hui, après 45 ans, son histoire est enfin racontée.


Premières impressions :

Qu’est-ce qui peut bien amener un soldat américain à déserter pour rejoindre la Corée du Nord en pleine guerre froide ? Pourquoi, un gamin né en Virginie, troufion de l’armée américaine triomphante, voudrait passer sa vie dans le pays de Kim Il-sung et y couler ses vieux jours ? Présenté au festival de Sundance en 2007, le documentaire du britannique Daniel Gordon revient sur un sujet méconnu et donne la parole, depuis Pyongyang, à l’un de ceux qui ont déserté pour rejoindre la dictature communiste au nord du 38ème parallèle.

Daniel Gordon n’est pas le genre de type qui aime la facilité. Ses deux documentaires précédents étaient déjà tournés en Corée du Nord. « Le match de leur vie » (2002) suivait l’équipe de foot nord-coréenne en coupe du monde et « Les Demoiselles de Pyongyang » (2004), restait dans le domaine du sport et suivait la vie quotidienne de deux jeunes filles qui se préparent à une compétition de gymnastique. Si je n’ai pas vu les deux premiers, « Crossing the line » m’a surpris par son traitement d’une étonnante neutralité. En effet, si de nombreux documentaires anglo-saxons flirtent dangereusement avec le film de propagande dès lors que le sujet parle de communisme, le réalisateur Daniel Gordon nous livre ici un témoignage d’une grande humanité en revenant sur le parcours complexe de James Joseph Dresnok.

Dresnok, sentant qu’il arrive sur les vieux jours, décide de livrer un témoignage sans-filtre. Gamin élevé dans des foyers d'accueil durant une partie de son enfance, le garçon est un perdant du modèle capitaliste qui s’engage dans l’armée américaine en 1959. Pas très heureux en amour, l’homme traine son désarroi jusqu’au long de la frontière entre Corée du Nord et Corée du Sud et, là-bas, a bien du mal à accepter la discipline de l’uniforme. À force de faire le mur pour visiter les jeunes femmes locales, le voilà menacé de cour martiale et ni une, ni deux, le bidasse malheureux tombe dans la propagande communiste et décide de passer à l’ennemi. Après un accueil frisquet des troupes de l’oncle Kim, Dresnok rejoint un petit groupe de déserteurs de l’Ouest et les quatre hommes seront bien vite transformés en objet de propagande par le régime du Juche. Ils jouissent alors d’un niveau de vie bien supérieur à celui de la majorité des Nord-coréens, mais aussi de celui auquel ils auraient pu prétendre en restant à l’Ouest.


Malgré tout, le choc culturel est violent et on ne peut pas dire que l’homme de la rue accepte facilement ces nantis caucasiens qui font la révolution communiste en pétant dans la soie. Alors le groupe tente encore une fois de déserter en 1966. Cette fois ils veulent quitter la Corée du Nord pour la Russie, conserver le communisme tout en revenant à une civilisation européenne. Raté, les russes n’ont aucune envie d’aider des Yankees. Bon an, mal an, Dresnok prend sur lui de rester en Corée du Nord et se fond dans la culture. Le petit groupe d’occidentaux vit alors en autarcie et les conflits entre déserteurs sont légion. Une dizaine d’années plus tard, les quatre hommes deviennent pourtant des stars de cinéma en jouant dans les productions de Kim Jong-il. Amours, tromperies, acteurs de propagande, Dresnok et ses comparses vivent les Feux de l’Amour en terre communiste. L’un d’entre eux se marie avec une jeune femme japonaise amenée de force dans le pays pour enseigner les mœurs nippones aux espions nord-coréens. Certains mourront, un autre s’enfuira, mais Dresnok lui, compte bien rester là jusqu’à sa mort.


Avec un traitement neutre renvoyant dos à dos les sociétés américaines et nord-coréenne, Daniel Gordon signe avec « Crossing the Line », un documentaire passionnant sans complaisance pour la société de Kim Jong-un, mais sans diabolisation. Un documentaire passionnant à retrouver sur la plateforme Mubi.


GwenaelGermain
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Créée

le 20 août 2022

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