Mon tout premier film de John Waters, vu il y a des années, alors que je ne savais pas encore qui était ce réalisateur déjanté. Je l'avais vu en cours d'anglais spécialisé à mon collège, j'avais trouvé le choix de ce film surprenant, et le film en lui-même bien fun, comme ça a dû être le cas d'un peu toute la classe. "Cry-baby" avait en quelque sorte fait sensation parmi nous. Traci Lords et Amy Locane avaient marqué certains de mes camarades, et me souviens encore qu'une fois le générique de fin arrivé, mon voisin avait dit "Amy Locane, je me souviendrai de ce nom".
Des années plus tard, un de mes amis me racontait que ses parents, voyant le film à la TV, avaient reconnu une certaine actrice porno. Je trouve ça marrant.
Cry-baby, c'est aussi l'un des premiers films que j'ai téléchargé. En VF, un rip TV pas très propre avec le logo "MCM" dans un coin de l'image.

Ayant acheté le DVD récemment, j’ai revu Cry-baby ce soir. En le lançant, je me suis souvenu qu’il y a des années, lorsque j’avais juste quelques films sur mon PC, je ne pouvais résister à l’envie de me repasser l’intro, avec cette chanson rétro très appréciable au nom du film et son héros éponyme.
Je n’aurais pas osé l’avouer à l’époque du fameux cours d’anglais, mais la musique des "Coincés" du film, qui comprend des classiques comme "Mr Sandman", me plaît autant que le rockabilly des Rebelles. Tous deux ont un charme rétro assez amusant.
Cry-baby est le premier gros film de Waters, un film de studio qui fait suite au succès d’Hairspray sorti deux ans auparavant, et qui était une comédie musicale sur les 60’s.
Bien que cette nouvelle réalisation de John Waters soit plus sage et très grand public, on reconnaît une continuité avec cette comédie musicale sur les 50’s, où l’on peut reconnaître le goût du réalisateur pour ce qui est excessif, et en dehors de la norme. On a parmi les acteurs Traci Lords, l’ancienne star du porno, un personnage d’ado enceinte qui aime se battre, et une sorte de version adolescente de Divine avec "Hatchet-face", une jeune femme dont le surnom dans la VF dit tout : "délit-de-faciès".
La séquence d’intro, superbe, concentre un peu tous ces éléments, en même temps qu’elle présente les protagonistes, sans qu’aucune parole ne soit prononcée.

Le jeu over-the-top des acteurs, pour des rôles over-the-top eux aussi, est hilarant. Les personnages sont de bons gros clichés, incarnés par des comédiens parfaitement castés. Chacun correspond très bien à son personnage : Iggy Pop et Susan Tyrell en couple de rebelles rednecks trashy, Depp en rebelle à veste de cuir, Amy Locane en ange puis démon. "I'm so tired of being good", dit-elle.
En plus de ça, on a des seconds rôles classes : Willem Dafoe, Mink Stole, Troy Donahue, …
Tout est exagéré dans ce film : les situations, le comportement des personnages, la séparation en deux groupes distincts que sont les Rebelles (Drapes) et les Coincés (Squares).
John Waters dresse le portrait d’une époque sans chercher le réalisme, il reprend des éléments caractéristiques qu’il expose de façon la plus directe, absurde, et exagérée possible : la façon dont se déhanche Wanda, ces french kiss bestiaux, … aucune retenue.
On ne s’encombre pas de détours, ni de finesse. Par exemple, les Coincés se savent Coincés, et se désignent eux-mêmes comme tels.
Et dans Cry-baby, ça ne me dérange nullement, cette simplification et cette façon d’aller droit au but, je trouve que ça participe au délire justement.
Waters caractérise certains personnages par des gags très significatifs sur leur personnalité : les parents très croyants de Milton, on comprend qui ils sont quand on les voit en transe ou dire aux jeunes "Let Jesus Christ be your gang leader" ; les parents niais de Wanda, c’est en les voyant tout sourire se questionner innocemment sur la signification de "fuck". C’est idiot, mais tellement bon.

La scène dans le cinéma de la prison avec la 3D, l’orphelinat où les enfants sont en vitrines, … c’est vraiment n’importe quoi, mais c’est drôle, et on accepte aisément l’univers décalé de Waters. Ce dernier ose également au cours du film quelques effets visuels et transitions kitschs.
Par contre, cet esprit loufoque n’excuse pas totalement certaines facilités du scénario : la bouche d’égoût dans la cellule de prison, la sortie de prison tellement simple, le kidnapping des enfants qui reste sans conséquences, …
On peut également reprocher une personnalité et des états d’âmes très changeants chez les personnages, permettant notamment à la relation Cry-baby/Allison de passer par pleins d’étapes en seulement deux jours : ils se rencontrent, tombent follement amoureux, sont séparés, ne s’aiment plus, s’aiment à nouveau. Ah, elles évoluent bien vite les relation, dans "Cry-baby"…
Ca s’excuse facilement pour moi, tant le film est rafraichissant.
Les numéros musicaux, le délire et le n’importe quoi ambiant, le rétro, … ce fut un grand plaisir pour moi que de revoir Cry-baby. C’est aussi plaisant que dans mes souvenirs.
Fry3000
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le 17 sept. 2012

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Wykydtron IV

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