Cub
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Cub

Film de Jonas Govaerts (2014)

Cub (ou Welp) est un film d'horreur belge. Soit ! Pas de blagues particulières à faire mais au delà de sa nationalité, cette mention est nécessaire car Jonas Govaerts, dont c'est le premier long métrage, semble prendre à cœur le fait qu'il soit aussi un réalisateur Flamand. Sans rentrer dans l'histoire et la politique de ce plat petit pays où l'opposition entre Wallons et Flamands est encore au goût du jour, l'apostrophe était nécessaire pour introduire le pitch de ce slasher.


Un groupe de jeunes scouts Flamands donc, part faire une petite excursion forestière chez leurs homologues Wallons, dresser leur camp pour retrouver les valeurs du scoutisme au sein d'une nature apaisante. Malheureusement, suite à un léger accrochage avec les autochtones, dépeints de manière caricaturale (provocation ou véritable message politique), ils s'établissent là où ils ne devraient pas.


Dans son introduction, Cub peine à nous immerger, la faute à mon sens à bien trop d'indices pas toujours nécessaires si tôt dans le récit. La direction de l'ensemble est évidente et on attend finalement qu'une seule chose, le dénouement. Certains "pièges" auraient pu être évités en voulant absolument reprendre les codes de ce genre de film dans une oeuvre qui possède pourtant une indéniable originalité.


Au centre de ce groupe d'enfants accompagnés de leur trois éducateurs - casting impeccable -, le petit Sam sous les traits du surprenant Maurice Luijten, apparaît rapidement comme un enfant renfermé et étiqueté "souffre douleur". Une position qui amène irrémédiablement une dimension psychologique, sociale et intimiste au sein d'un environnement bien plus tape-à-l’œil.
Face à eux, deux menaces distinctes, l'une plus nuancée que l'autre, sous les traits d'un enfant des bois au masque à l'esthétisme fascinant, qui contraste avec une brutalité plus adulte, visuellement identifiable bien plus tard dans le récit.


A partir d'ici, difficile de critiquer sans en dire trop.


C'est dans la "relation" et les confrontations entre Sam et celui qu'il surnommera Kai (suite à une petite mise en scène des éducateurs) que le film trouve un véritable souffle tourmenté: l'originalité mentionnée précédemment. Car Kai représente le basculement progressif de Sam vers une violence refoulée et sauvage, comme une partie de lui même qu'il embrasse progressivement, soit en se mettant quelques secondes à sa place (derrière des jumelles), soit en le secondant dans un passage à tabac qui constitue LA scène marquante du film (et celle où tout bascule).
L'autre menace, quant à elle, se concentre d'abord sur les personnages secondaires, faisant presque office d'intrigue parallèle. C'est avec elle que vient le côté slasher du film, bien moins réussi, qui nous empêche de nous laisser pleinement happer par l'ensemble. Du moins, jusqu'aux derniers instants où les chemins se rejoignent pour voir la machine s'emballer brusquement dans un final poisseux, brutal, haletant, qui aura au moins le mérite supplémentaire de justifier pourquoi on ne savait pas trop sur quel pied danser jusque là.


Quoi qu'on en pense, Cub vaut donc qu'on y pose son œil.
Parce que c'est un slasher belge. Parce qu'il possède aussi un petit thème musical récurrent qui rappellera les belles heures d'un John Carpenter mais surtout, parce qu'il possède deux facettes en reprenant les codes du genre, tout en y insufflant quelque chose de bien plus subtil et de bien plus réussi.

RicowRay
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le 10 sept. 2019

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