Cuba et l’imbécile heureux

Le « caméraman » recherche la proximité des Cubains qu’il rencontre, parfois au prix d’un comportement intrusif, paternaliste et néocolonial (tapes sur la joue, tour en pousse-pousse, irruption au milieu d’une salle de classe…).

Son rapport à Fidel Castro est encore plus ambigu : se laisse-t-il gagner par une réelle et naïve sympathie pour le personnage (lequel est très habile en communication) ou feint-il cette sympathie pour poser, avec tact, une question qui fâche, au milieu des banalités ?
En tout cas, jamais il ne sort de son enthousiasme benêt à vouloir faire copain-copain avec Castro, et jamais il n’évoque son autoritarisme, son irrationalité, ni sa fourberie.

Il joue un jeu dangereux, celui de faire de Cuba son petit monde alternatif, hors de la réalité, où Castro n’est qu’un acteur de film, où la population n’est qu’une masse de faire-valoir exotiques à son imaginaire, sans véritable humanité, sans véritables souffrances, et parmi lesquels il peut piocher des « amis » décrétés comme tels par la force.

Il filme les malheurs de la société cubaine et de ses « amis » souvent avec un détachement amusé et un ton pour le moins inapproprié, remuant le couteau dans la plaie sans témoigner d’empathie.

Et cerise sur le gâteau, il a la manie insupportable de répéter en anglais tous les propos de ses interlocuteurs.