Voilà un film qui a au moins le mérite de revenir sur une période sombre des années 80 aux USA, l'arrivée du sida et le scandale du monopole de la FDA autorisant un seul traitement qui pourtant ne donnait aucun résultat tangible et refusait tous les autres ; scandale évoqué dans ce documentaire méconnu d'Acte Up, United in Anger, sorti en 2012.

À travers cette fiction, Jean-Marc Vallée nous raconte beaucoup voir trop de choses mais finalement on ne s'en plaindra finalement à aucun moment dans le film.
Car le principal mérite de Dallas Buyers Club réside dans ce défi réussi de ne jamais tomber dans le mélodrame à travers des scènes faciles. Bien au contraire, la mort y est pudique, les regards, les gestes, les silences, les actes, les coups de poing sont souvent préférés à des dialogues qui auraient alourdi le propos.
Et c'est bien cela qu'il faut retenir car quand il s'agit de ce genre de films (Erin Brockovich étant l'un des exemples les plus connus mais voyez aussi l'excellent Promised Land de Gus Van Sant, passé inaperçu en 2013), la difficulté tient beaucoup à tenir le bon équilibre entre traiter le scandale (la Grande Histoire) et traiter le récit humain (la Petite Histoire).
Ici, Vallée, décide plutôt de mettre en avant la Petite Histoire, cette rencontre improbable entre un texan bouseux homophobe par bêtise mais battant comme personne et un transsexuel superficiel et fragile mais terriblement attachant.
La perspective de mourir les fait se rencontrer et se battre ensemble pour croire encore que leur vie ne se terminera pas si tôt, héros malgré eux d'une cause dont ils n'imaginent qu'à peine les tenants et les aboutissants.
Et c'est bien pour cela qu'on ne doit pas trop tenir rigueur à Vallée de ne pas suffisamment maitriser le côté Grande Histoire, scandale, laboratoire US, blabla… car finalement il se place constamment du côté de ses personnages eux-mêmes toujours naïfs sur tout ça et juste présents à l'écran pour s'évertuer à survivre point barre.
Pas besoin de trop en dire sur McConaughey et Leto qui crèvent l'écran - je reste très enthousiaste par ce retour fulgurant du premier nommé que j'avais adoré dans Lone Star dans les années 90.
Bref l'année 2014 démarre très bien pour le ciné US après 12 years a slave, ça fait plaisir !!
G-C-H-
8
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le 31 janv. 2014

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G-C-H-

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