Les Oscars 2014 auront fait parler d'eux, entre les "happy selfies" et le pauvre Leonardo, qui est parti encore une fois bredouille (ou "brocouille", comme on dit dans le Bouchonnois). Car oui, c'est bel et bien le très talentueux Matthew McConaughey qui arrache la statuette à Leonardo, pour sa formidable interprétation dans "Dallas Buyers Club".
Je ne cache pas ma déception face à ce palmarès, car je dois avouer que j'ai trouvé DiCaprio excellentissime dans "Le Loup de Walt Street" (je vous renvoie à ma critique - http://www.senscritique.com/film/Le_Loup_de_Wall_Street/critique/28869886 -) ! Parenthèse, on passera sur l'Oscar du meilleur film pour "12 Years A Slave"... Bref.
Mais en voyant le long-métrage de Vallée, je ne peux qu'approuver au final... Car oui, McConaughey est juste bluffant, talonné (voir égalé) de près par l'étonnant Jared Leto, méconnaissable dans son rôle de travesti gravement malade. De même, sa récompense est amplement méritée.
Mais pour être franc, "Dallas Buyers Club" doit beaucoup à ce duo d'acteurs. Car, contrairement au film de Scorsese, il n'y a que la performance de jeu qui permet au film de Vallée de tenir en haleine de A à Z.
En effet, le long-métrage commence sur les chapeaux de roues grâce à la vie tumultueuse de cet électricien voulant vivre une vraie vie de cowboy. Sexe, alcool, drogue, homophobie... Tout y passe, avec une mise en scène rythmée et efficace.
Toutefois, Ron apprend sa maladie au bout de 5 minutes de film, suite à un accident sur un chantier. De fait, le film bascule très rapidement dans un récit plus linéaire, exposant la guérison à la fois physique et psychologique du personnage principal. C'est ainsi qu'il croise Rayon, alias Jared Leto, avec qui il va monter son propre club pharmaceutique pour tenter de lutter efficacement contre le virus qui les ronge.
Globalement, "Dallas Buyers Club" reste un film un peu "convenu", se servant de diverses thématiques annexes (industrie médicale, homosexualité) pour alimenter une trame narrative assez plate. Le récit est inspiré de faits réels, ce qui permet l'identification. Et il est intéressant, voir captivant, de voir la transformation d'un homme face à la maladie. Car si Ron passe pour un vulgaire péquenot sans cervelle dans la première partie du film, nous allons très vite nous rendre compte que ce dernier est en réalité un homme intelligent et instruit. Deux armes qui vont lui être vitales, car ce sont elles qui vont lui permettre de lutter pendant presque 8 ans, alors qu'on ne lui donnait que 30 jours à vivre lorsqu'il s'est fait diagnostiquer séropositif.
Malgré ce changement de tonalité, Ron reste un personnage attachant avec son humour vulgaire et ses opinions bornées. D'autre part, la construction de la relation entre ce dernier et Rayon est un ressort narratif très efficace, car formidablement bien interprété, on l'a dit.
Des sentiments passent, des scènes marquent et le travail d'acteur étonne. Nous sommes donc devant un film avec de la ressource... Mais qui aurait peut-être mérité un traitement scénaristique plus accrocheur. Car c'est lorsque nous rentrons trop dans le "récit médical" que l'attention se dilue un peu. Et c'est ce qui explique pourquoi le personnage de Jennifer Garner est d'une fadeur abyssale.
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