Très agréablement surprise par ce film dont j'attendais tout et rien à la fois, et qui s'est avéré très fort et sensible. La première scène est impressionnante : une marionnette qu’on imagine d’abord de taille humaine et qui s’avère aussi petite qu’une barbie, qui nous livre une danse violente et touchante. Craig Schwartz, le marionnettiste, est tout aussi touchant que son pantin : paumé professionnellement comme affectivement, il cherche un travail et une femme à aimer, car l’amour n’est pas présent dans son couple avec Lotte, grande passionnée des animaux dans lesquels elle décharge tout son manque affectif. Maxine, elle, cache derrière son caractère détestable plus de profondeur qu’il n’y parait même si l’on découvre cela uniquement vers la fin du film.


Craig découvre un jour l’accès à une porte derrière laquelle chacun peut rentrer dans la peau de l’acteur John Malkovich pour quinze minutes. Chacun s’y essaye, et certains y prennent plus ou moins de plaisir que d’autres. Lotte se découvre complètement grâce à ce prêt de corps, Maxine également d’une certaine façon, quand Craig, qui est pourtant celui qui a découvert cet accès, finit rejeté. Complexe à interpréter (on ne peut d’ailleurs pas toujours tout expliqué dans un film, c’est ça qui est beau), nous pouvons néanmoins comprendre que ce film aborde la question de l’identité, celle des désirs refoulés, du culte de la célébrité, de la recherche du bonheur. Nous ne sommes pas toujours ce que nous montrons à tous, nous avons parfois envie d’être quelqu’un d’autre, qui n’a jamais eu cette envie ne serait-ce qu’une fois ?


Même si ce film montre des personnages dans la peau de quelqu’un d’autre, il traite pourtant de la recherche de leur être profond, dans toutes leurs contradictions et ambigüités. Tous ces sujets s’entremêlent dans un film qui possède en plus des qualités esthétiques, des personnages tous plus originaux, humains et attachants les uns les autres, conduits par des acteurs très talentueux. L’irruption du fantastique dans un cadre pourtant très réaliste dans le but d’aborder un sujet si violent, obscur et intime, est très intéressant et astucieux, et très bien mené, sans aucune fausse note. Enfin, le générique de fin très réussi - faisant penser à la pochette de l’album Nevermind de Nirvana - accompagné de la belle musique « Future Vessel » de Carter Burwell donne au film une dernière note tout à fait juste et poétique. Une belle réussite.

EmmaBennet
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 8 mai 2016

Critique lue 273 fois

1 j'aime

EmmaBennet

Écrit par

Critique lue 273 fois

1

D'autres avis sur Dans la peau de John Malkovich

Dans la peau de John Malkovich
IIILazarusIII
8

Malkovitch maaaalkoviiiitch...

Spike Jonze. Spike Jonze. Comment dire ? Je suis resté un peu interdit la première fois que j'ai vu ce film (j'en suis à plus de 10 revisionnages), et quand j'ai vu John Cusack se faire jeter sur le...

le 10 déc. 2010

36 j'aime

4

Dans la peau de John Malkovich
Frankoix
5

Critique de Dans la peau de John Malkovich par Frankoix

Craig (John Cusack) est un marionnettiste sans le sou et incompris (il présente en pleine rue des spectacles très personnels et "osés" qui ne trouvent pas vraiment leur public). La nécessité le...

le 13 août 2010

28 j'aime

3

Du même critique

Midnight Special
EmmaBennet
6

Critique de Midnight Special par EmmaBennet

Ce film m’a tout de suite donné envie lorsque j’ai entendu dire que c’était l’œuvre du nouveau Spielberg. Même si je n’ai pas tout aimé de Spielberg, il faut avouer qu’il a un talent assez...

le 15 avr. 2016

2 j'aime

1

Demain
EmmaBennet
7

Critique de Demain par EmmaBennet

Un documentaire réussi qui, au lieu de nous accabler comme les médias savent le faire, nous propose un regard optimiste et nous encourage à pousser notre réfléxion sur l'organisation du monde dans...

le 2 févr. 2016

2 j'aime

1

The Jinx
EmmaBennet
8

Critique de The Jinx par EmmaBennet

Une belle découverte. Cette série documentaire retrace la vie de l'homme d'affaires Robert Durst, une énigme à lui tout seul, à travers des reconstitutions, des images d'archives mais aussi des...

le 19 déc. 2015

2 j'aime

1