Passons tout de suite sur la note : 7/10, j'aurais pu mettre 5 comme j'aurais pu mettre 10. Le film est loin d'être parfait formellement, il contient des erreurs, des lourdeurs, des imprécisions. Mais au fond on s'en fout, ce n'est pas l'intérêt d'un tel film.

Ce film est peut-être celui qui m'a le plus marqué. Le sujet est délicat à traiter puisqu'il s'agit en fait de représenter l'absurde, quelque chose à la limite du réel, une constante chez Marina de Van. Il y a regard sur l'étrangeté du corps, la fascination que l'on a pour ce dernier, ce rapport qui a complétement disparu dans un monde de bureau aseptisé, clinique, même si tout à fait sympathique. Une envie de retrouver l'originel peut-être, qui se retrouve dans les position fœtal, le monde extérieur parait bien anecdotique dans ce film. Le corps se sépare ici du politique et du social, qui ne peut comprendre quoi se soit de cette démarche, pour se retrouver plus organique, de la chair simplement.

Esther va donc se lancer dans une confrontation avec son corps, quelque chose entre le ballet et le combat, une sorte de danse macabre très intimiste. Une envie de se découvrir, de se contrôler aussi, contrôler son identité, ses pulsions, de faire ce que l'on veut de soi. Et le film retranscrit parfaitement ce lie à l'intimité, Esther ne jouit pas de la douleur, elle aime son corps, elle aime le regarder, le triturer, le mâchouiller, une forme de masturbation au fond. Elle ne s'abîme pas, elle se sculpte, littéralement, elle ne se suicide pas, elle se retrouve.

Je comprends que l'on puisse détester ce film, ne pas vouloir s'y plonger et bien souvent ne pas comprendre le "pourquoi" de tout ça. Il est très dérangeant, voire insupportable pour certains, violent aussi, je l'ai vu beaucoup trop jeune. Mais ce n'est pas un trip masochiste, plutôt la volonté de créer une esthétique. Et Marina de Van arrive à retranscrire cela sans voyeurisme ni décadence gratuite, en incarnant (plus qu'en interprétant) son personnage principal.

Je ne sais pas si "j'aime" ce film, mais c'est une expérience, une épreuve, et questionnement qui me suit encore.
Étienne_B
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films pas très drôles et Les plus belles claques esthétiques

Créée

le 1 août 2011

Critique lue 1.4K fois

9 j'aime

1 commentaire

Étienne_B

Écrit par

Critique lue 1.4K fois

9
1

D'autres avis sur Dans ma peau

Dans ma peau
Étienne_B
7

Mutilation Cinématographique

Passons tout de suite sur la note : 7/10, j'aurais pu mettre 5 comme j'aurais pu mettre 10. Le film est loin d'être parfait formellement, il contient des erreurs, des lourdeurs, des imprécisions...

le 1 août 2011

9 j'aime

1

Dans ma peau
FrangeSale
1

Critique de Dans ma peau par FrangeSale

" Alors en fait, je suis une auteure, une véritable cinéaste donc mon film ce serait une femme torturée dans sa tête qui viendrait à se découper, à tanner sa propre peau et même après elle se...

le 18 févr. 2011

7 j'aime

Dans ma peau
Fatpooper
10

Repli sur soi

Sacrée claque ! J'avais bien aimé "Grave" mais clairement le film de Julia Ducournau ne provoque pas le dixième de malaise que "Dans ma peau" procure. Il est rare que cela arrive mais je me suis...

le 18 sept. 2021

6 j'aime

5

Du même critique

Comment j'ai détesté les maths
Étienne_B
1

Zéro pointé

J'ai deux problème avec ce film : j'aime le cinéma et j'aime les maths. Pour le cinéma c'est un loisirs du dimanche. Pour les maths c'est différent, je fais partie des fameux «bons». Pas seulement...

le 1 déc. 2013

42 j'aime

8

Dear White People
Étienne_B
7

Black Faces

Après une bande annonce qui annonçait de la comédie décomplexée, Dear White People tourne en fait vers le genre du jeu avec les images, avec les cliché et les attitudes véhiculées par les médias,...

le 9 avr. 2015

26 j'aime

Gagner la guerre
Étienne_B
5

Tu l'as vu mon gros style ?

Sur bien des points, je rejoins tout ce que vous pourrez lire ce livre : personnages géniaux, scènes épiques, monde fascinant etc. Bref, c'est un bon bouquin. Un bon bouquin entaché d'un bon...

le 24 juin 2017

24 j'aime

10