Dark Horse
5.8
Dark Horse

Film de Todd Solondz (2011)

Après le choc "Welcome to the dollhouse", j'ai consulté la filmo de Todd Solondz. Si je n'avais pas fait cette recherche, je n'aurais probablement jamais eu envie de voir Dark horse, avec un poster pareil, sans savoir qui en était le réalisateur.
J'ai pu voir le film lors d'une avant-première organisée par Paris cinéma, en présence du cinéaste, et du traducteur chargé des sous-titres français.
Ce dernier parlait de la difficulté du travail sur ce film, raison pour laquelle Todd a fait appel à lui, étant donné les double-sens compris dans ce Dark horse, sous-titré "l'outsider" au générique de début, justement en raison des multiples significations.
Je n'étais pas familier avec l'expression "dark horse", mais déjà la notion d'outsider, pas étonnante à trouver chez un Solondz, me plaisait. L'intro présente une fête de mariage où tout le monde s'éclate, jusqu'à ce que le panoramique de la caméra s'achève sur nos deux personnages principaux, dans un coin de la salle : une Selma Blair (Miranda) qui tire la tronche, ne tiltant pas aux tentatives de Jordan Gelber (Abe) de tisser des liens avec elle.
L'humour du réalisateur ainsi que son intérêt pour les affres de l'adolescence se retrouvant dans la façon dont fonctionnent ces personnages. Abe est un trentenaire qui collectionne des figurines, qui emplissent les murs de la chambre qu'il occupe encore chez ses parents (des jouets Simpsons, des Daleks, mais rien de trop "nerdy", dit-il)
Quand il rentre chez lui, il n'adresse pas la parole à ses vieux, ne répond pas quand sa mère s'enquiert du déroulement de sa journée. Comme un ado. C'est sûrement pour compenser un manque dans sa vie qu'il conduit un énorme Hummer.
Les rencontres d'Abe avec Miranda font penser à des rencards d'ados. Il voit du Diet Coke, et doit faire ses preuves auprès des parents de son amie.

J'ai quand même eu du mal, ensuite, à retrouver la touche cynique de Solondz. J'essayais fortement de la déceler là où je pouvais. Soit c'était en vain, soit l'aspect subversif habituel ne se trouve qu'à petite dose.
Est-ce qu'on doit la voir dans cette déclaration d'Abe sur l'humanité, qu'il compare à une fosse septique ? Après tout, les seuls problèmes avec lesquels on l'a vu être confronté, c'est le fait de ne pouvoir rendre une figurine abîmée à Toys'R'us, et son incapacité à parler avec une femme, quoique ce n'est pas de sa faute, vu comme elle est peu enclin à la conversation...
Abe reproche aux gens de ne faire preuve de bonté, comme les animaux, que lorsqu'on a contenté leur appétit (sexuel, notamment), ce qui est hypocrite de sa part étant donné comme il a réclamé de l'argent à sa mère juste avant.
Si c'est là qu'est le cynisme de Solondz dans Dark horse, je trouve ça léger.
Il y a tout de même un autre moment où j'ai reconnu le sens de l'humour du monsieur : quand on parle de la brosse à dent empruntée par Abe, faisant de nouveau appel au talent de Solondz pour faire venir certaines informations au bon moment pour créer un effet comique.

Ce qui était si bien et si drôle avec Welcome to the dollhouse, Happiness, ou Storytelling (pas encore vu Palindromes), c'était la représentation de l'échec, dans lequel Solondz enfermait ses personnages.
Quand il se décide à montrer un succès dans Dark horse, celui du héros "manchild" obèse qui arrive à obtenir une copine certes dépressive mais trop belle pour sortir avec lui rien que parce qu'ils ont échangé quelques mots, ça marche moins. On ne peut pas croire en leur relation précipitée : Miranda le dit elle-même, ils n'ont rien en commun, et pourtant après une visite un soir où ils n'arrivent pas à trouver un sujet de conversation qu'ils peuvent exploiter correctement, voilà qu'elle se retrouve malheureuse en l'absence d'Abe !
Solondz se montre un peu plus juste, et intéressant, lorsqu'il fait intervenir l'ex de Miranda, cette dernière voulant embarquer Abe dans une soirée qu'ils passeraient tous les trois. Ca fait mal, et ça fait sourire à la fois.

Après ça, j'ai dû me résoudre à l'évidence : je ne comprenais pas Dark horse. Le film s'emplit de plus en plus de séquences rêvées dont le sens m'échappe encore, au point qu'à la fin je ne savais plus à partir de quel moment ce qu'on voyait était faux ou se déroulait vraiment. Par conséquent, j'avais aussi du mal à avoir de l'empathie pour eux, et m'intéresser à ce qui leur arrivait. Cela ne m'a pourtant pas empêché d'être ému vers la fin par le jeu de Selma Blair, décidément bonne actrice.
Concernant cette dernière, ce n'est qu'après le générique de fin, où elle est créditée en tant que "Miranda (formerly 'Vi')", que j'ai compris qu'elle était censée au départ reprendre son rôle de Storytelling. Je n'avais même pas fait le lien entre l'actrice et le fait que son personnage parle d'abandonner tout espoir de devenir auteure.

Arrivé à la fin, je me suis demandé quel était l'intérêt de Dark horse. Je sais que certains se posaient déjà la question pour les précédents films de Solondz, mais ici, en plus de me demander ce qu'il a bien pu vouloir dire, je n'ai pas trouvé grand-chose en cours de visionnage qui ait vraiment suscité mon intérêt.
Vers la fin, quand un personnage fait remarquer une erreur concernant la date inscrite sur la tombe d'un défunt, j'ai trouvé ça plutôt amusant, certes, mais je me suis demandé ce que ça pouvait bien vouloir dire. Dark horse est décidément un film qui m'a échappé.
A l'entrée de la salle de cinéma, je voyais l'affiche Française (je ne la trouve pas encore sur internet), comprenant comme citation de L'express : "Du vrai cinéma subversif" ; qu'est-ce que j'ai raté ?
Fry3000
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Regardez la route !

Créée

le 30 juin 2012

Critique lue 940 fois

3 j'aime

3 commentaires

Wykydtron IV

Écrit par

Critique lue 940 fois

3
3

D'autres avis sur Dark Horse

Dark Horse
cloneweb
5

Critique de Dark Horse par cloneweb

Rien à voir avec l'éditeur de comics du même nom ni même avec un film sur le cheval. Dark Horse est le nouveau long métrage de Todd Solondz, réalisateur qui tourne peu mais à qui l'on doit notamment...

le 23 août 2012

3 j'aime

Dark Horse
Fry3000
4

Goodbye horses

Après le choc "Welcome to the dollhouse", j'ai consulté la filmo de Todd Solondz. Si je n'avais pas fait cette recherche, je n'aurais probablement jamais eu envie de voir Dark horse, avec un poster...

le 30 juin 2012

3 j'aime

3

Dark Horse
Maqroll
8

Critique de Dark Horse par Maqroll

Une bonne surprise que ce film issu du cinéma indépendant américain. Todd Solondz est un auteur intéressant qui a déjà fait quelques petites choses pas mal du tout. Il se livre ici à une plongée en...

le 12 juil. 2013

1 j'aime

Du même critique

Mr. Robot
Fry3000
4

L'hacker a ses raisons (Saison 1)

Spoilers ahead. Je suis du genre à me méfier des séries qui font le buzz ; ce n'est que lorsque l'enthousiasme des débuts retombe et que les avis sont plus variés qu'on peut se faire une meilleure...

le 23 août 2016

54 j'aime

3

Breaking Bad
Fry3000
4

Le daron de la drogue

En dépit de tout le bien que je lisais ou entendais de toutes parts sur la série, c’est suite à la lecture, il y a presque deux ans, de la fameuse lettre totalement élogieuse d’Anthony Hopkins...

le 18 juil. 2015

54 j'aime

61