D'où vient cette impression de thriller environnemental recuit dans le film ? D'où vient ce sentiment de distance qui plane au dessus de tout ce drame ?
De Robert Bilot, personnage d'avocat jamais à sa place, vouté, taiseux, plus prêt à se laisser emporter par ses tremblements qu'à laisser échapper sa rage face à la monstruosité de ce qu'il affronte. Elle vient de cette lumière blafarde qui écrase autant les hommes des champs que ceux des bureaux. Elle vient de cette caméra qui film aussi bien un enterrement qu'une scène de repas familiale et une confrontation d'avocats de très loin, avec un téléobjectif qui écrase perspectives et personnes dans des scènes boites sans issues.
Ce sentiment de recul sur tout nous parait naturel dans un début qui se situe dans les années 90. Mais le pire est sûrement que l'enferment de ce film de procédures dure plusieurs décennies. On finit par craindre l'arrivée d'un carton qui vient scander une année de plus. Des années de plus sur lesquelles joue les industriels pour anéantir tout sens de la dramaturgie médiatique, de procès spectaculaires, de vies humaines à sauver.
Ce formidable film aplatit la vie. C'est froid, c'est ni agréable, ni charmant. Ça nous écrase dans le plus révoltant, la morgue du temps qui passe.

Lalaitou
8
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le 4 mars 2020

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