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Dans un catalogue de films en compétition varié, mais en dents de scie, la réalisatrice ne pouvait que compter sur son patronyme pour espérer nous éblouir. Et sans grand étonnement, son film traite lui aussi, comme certains de son père, du star-system et de l’interprète en général. Le problème étant que son père, avec Opening Night par exemple, incarnait les personnages à travers ceux qu’ils interprétaient sur scène pour mieux faire ressortir leurs névroses. Un film comme Sils Maria récemment fonctionnait quelque peu sur cette logique, quand deux actrices connues en interprétaient d’autres afin de se regarder dans le miroir de leurs carrières respectives. Zoé passe, elle, complètement à côté de son sujet, choisissant la facilité de parler d’un Hollywood déjà bien visible sur des sites comme TMZ pour essayer de retourner sa bêtise contre lui, via l’humour ou le farfelu. Démarche à double tranchant, et disons même un peu opportuniste, qui permettra à la réalisatrice d’empiler les clichés déjà vus cent fois (réalisateur européen à moitié pervers, producteur avilissant, anciennes actrices qui refusent la vieillesse) et essayer de faire rire quelques trublions en fond de salle. Sauf que cela ne s’accompagne d’aucune rigueur formelle, le film durant 1h20 et réussissant à tout de même être ennuyeux et décousu. Les personnages se multiplient, vont et viennent pour continuer à alimenter le réservoir du grand n’importe quoi. Certes, Hollywood est l’emblème même du faux, du simulacre et de la bêtise, mais la mettre simplement en images en attendant le déclic chez le spectateur est une démarche bien obscure.


D’autant que Zoé R. Cassavetes oublie qu’elle a une caméra, qu’elle peut faire autre chose que de reprendre les gimmicks visuels de Sofia Coppola pour exprimer l’ennui ou la fausseté de l’univers de son film. The Bling Ring était ennuyeux, assez vain mais parvenait un tant soit peu à faire réfléchir, sans être idiot ou définitif dans sa manière de voir les choses. Day Out Of Days ici n’est qu’une accumulation de scènes sans tenant ni aboutissant, se reposant sur son actrice principale, en pleine crise de la quarantaine qui regarde constamment ce qu’elle a devant les yeux avec un air interloqué. Un peu comme nous, en somme.

Créée

le 21 sept. 2015

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Florian Bodin

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