Pour ceux qui ne connaissent pas encore l’engouement que pouvait susciter Dead Man Down, voici un récapitulatif. Ce film marque, 4 ans après Millénium – Le Film, les retrouvailles entre le réalisateur danois Niels Arden Oplev et l’actrice suédoise Noomi Rapace (la Lisbeth Salander des Millénium originaux, devenue star internationale grâce à Sherlock Holmes 2 et Prometheus). Retrouvailles qui se remarquent dès l’affiche du film, reprenant les thèmes et couleurs propres aux couvertures des livres chez ACTE SUD (édition des Millénium). Le résultat est-il à la hauteur des attentes ?


Victor est le bras droit d’Alphonse, un caïd new-yorkais. Quelqu’un s’en prend à leur gang, dont les hommes sont abattus les uns après les autres, et l’assassin multiplie les messages de menace. Espérant s’attirer les faveurs d’Alphonse, Darcy, un ami de Victor, se lance sur les traces du tueur. Lorsque Victor fait la connaissance de Béatrice, une Française qui vit avec sa mère, Valentine, il est tout de suite attiré. Il va vite découvrir qu’elle n’est pas ce qu’elle prétend. Béatrice est une victime qui cherche à se venger – et pour cela, elle a besoin de l’aide de Victor. Mais Béatrice va elle aussi se rendre compte que Victor n’est pas exactement ce qu’il avait dit. Lui aussi a un compte à régler…
Après Effets secondaires, Dead Man Down pouvait combler ceux en manque d’adrénaline grâce à un film policier bien plus musclé sur le papier que le film de Soderbergh. Mais plus « bourrin » (quoique que Dead Man Down ne l’est pas vraiment) ne veut pas forcément dire moins travaillé. Et pourtant, c’est bien ce constat qui saute aux yeux… Si le film d’Oplev propose des personnages travaillés, aux multiples facettes (les deux héros tout particulièrement) et des situations bien pensées (pour ce qui est du plan de Victor pour se venger), le gros défaut du film se présente par le biais du personnage de Béatrice. Si son histoire tragique pouvait amener le film vers quelques nouveautés scénaristiques qui pouvaient faire réagir le héros différemment, elle n’est finalement le prétexte qu’à une histoire d’amour. Histoire d’amour qui plombe le script par quelques longueurs dispensables et d’énormes clichés (jusqu’à la séquences finale, affreusement hollywoodienne) que l’on aurait aimé ne pas avoir (le happy end expéditif…). On ne s’ennuie pas, loin de là ! Mais ça manque incroyablement de fraîcheur… Et cet air de déjà-vu nuit à l’ensemble, qui s’annonçait prometteur.

Vraiment dommage car Dead Man Down avait bon nombre d’atout pour se présenter comme un film policier de très bonne facture. A commencer par une scène des plus nerveuses, qui se confirme lors des (rares) séquences d’action. Et qui arrive à donner une ambiance plutôt sombre et lourde qui se marie à merveille avec l’histoire. Avec une bande originale en adéquation avec le tout, qui permet de mettre en place cette atmosphère si dense. Comme pour Effets secondaires, il aurait été curieux de voir ce que le film aurait donné entre les mains de David Fincher !

Pour ce qui est de la distribution, Dead Man Down ne sort pas spécialement du lot. Il n’y a qu’à prendre Colin Farrell qui nous joue du Colin Farrell, à savoir jouer les héros avec un lourd passé sur la conscience, solitaire, gueule de cocker, violent… Serait-ce à cause du fait qu’il vient d’enchaîner ce film avec Total Recall ? Après, Terrence Howard est plutôt convaincant mais pas exceptionnel. Même chose pour Dominic Cooper. Grosse surprise cependant, la présence d’Isabelle Hupert en mère poule dure d’oreille, qui apporte le côté « travaillée » du personnage de Béatrice, jouée par Noomi Rapace. Cette chère Rapace n’a décidément plus rien à prouver, d’ailleurs ! L’imprévisible et insociable Lisbeth est devenue une femme comme les autres, avec son charme et sa prestance inégalable. Et même si elle s’est vue enlaidir pour son rôle, la moitié d’un visage recouvert de balafres visibles au possible.

Bref, Dead Man Down est un policier très sympa à regarder, avec des personnages charismatiques et qui n’ennuie pas (entièrement). Mais il ne sort malheureusement pas du lot à cause d’un classicisme à vomir, qui foire tout ce qui avait été ébauché dans le scénario (encore une fois, ce final…). Les retrouvailles entre Oplev et Rapace ne sont finalement pas aussi inoubliables que l’on aurait souhaité…

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le 9 avr. 2013

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