Miike le marginal, l’indomptable qui ne fait rien comme les autres et s’autorise toutes les folies pour rassasier la passion évidente qu’il a pour son métier. L’homme ne recule devant rien, sort la sulfateuse, les bazookas, ainsi que les fortes têtes immortelles pour composer un hommage farfelu à tous les passionnants films de yakuzas qui sévissaient dans les années 70 (On pense forcément à Fukasaku).
Deadly Outlaw: Rekka, c’est une plongée frénétique au sein des quartiers généraux de tout un tas de mafiosi nippons énervés qui se jouent les uns des autres, le tout nappé du grain de folie caractéristique d’un auteur à part : des personnages pas piqués des haricots, des séquences surréalistes qui voient les balles oublier toute logique dès leur sortie des canons et des plans marquants qui restent en tête : il n’y a que Miike pour déclencher le sourire alors qu’il est en train de conclure une scène de torture bien cradingue … quel panache !


Comment ne pas succomber devant une telle absence de compromis. Miike n’en fait qu’à sa trogne, peu lui importe le qu’en dira-t-on. Qui d’autre se laisserait aller à terminer sa folle proposition de Yakuza Eiga sauce 2000 par un hologramme tout cheap piqué au copain Georgio, artifice inattendu mais assumé à 300%. Sans se dégonfler, le bonhomme va même plus loin, fait claquer les doigts du papy branleur qu’il vient de faire renaître pour inviter à nouveau la batterie à bénir la séance d’une ambiance Rock'n Roll qui mettra tout le monde de bonne humeur.


Mais le plus remarquable dans tout ça, c’est que malgré sa surenchère évidente, Deadly Outlaw: Rekka est de belle tenue. La guerre de pouvoir qui permet à Miike de construire ses 4 personnages charismatiques est loin d’être négligée. Mieux, elle apporte au film la substance nécessaire à légitimer ses égarements sous acide… Il se paye même le luxe de raconter une petite histoire d’amour qui fonctionne entre deux règlements de compte.


Pour faire bref, Deadly Outlaw: Rekka c’est le genre de bobine énergique que l’on espère en se mettant dans le canapé après une journée de boulot bien chargée. Une explosion d’idées folles en tout genre, un je m’en foutisme nécessaire motivé par une envie de faire plaisir qui ne peut inspirer autre chose qu’un profond respect pour un mec qui trace sa route sans se soucier du sillage qu’il laisse derrière lui, du moment qu’il est créatif, outrageusement punk et faussement désorganisé.

oso
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le 14 févr. 2017

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oso

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