Red fist
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le 17 févr. 2016
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[Critique terminée 10 ans après le brouillon :p]
Ma plume, aide-moi à trouver la force de savoir comment décrire Deadpool.
J'y suis allé à contre-coeur, sur les conseils de quelques-uns. A vrai dire je m'attendais à une daube, même si on m'avait présenté le personnage comme totalement délirant, et que j'avais été conquis par une ou deux planches. Je m'assieds, donc. Pas un rat, j'ai toute la salle pour moi.
Le film commence, et dès le générique, je lâche un rire. Je pense à un pote, j'ai envie de lui envoyer un texto pour lui dire que ce film est génial. Déjà, oui, mais vous comprendrez quand vous verrez. S'en suit un premier quart-d'heure époustouflant : casting comme on n'en a pas vu depuis Piège de Cristal, cadrages qui sentent bon, très bon le film qui va assurer. Scènes d'actions auto-dérisoires et visuellement au top de l'industrie, qui laissent pantois et extatique en même temps.
....
Je reprends le fil de cette critique 10 ans après et je ne sais pas quoi écrire.
Deadpool est un délire suprême où le super-héros est en réalité un torturé (réellement) par un type qu'il va ensuite passer sa vie à chercher partout pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mais en mode comique, avec toutefois le sérieux qu'exige un film de ce genre pour captiver. Car tout est satire dans Deadpool, y compris la haine et les codes cinématographique, déformés pour donner lieu à un débridage complet de l'imagination et de la narration.
Le personnage, déjanté, psychiatriquement dérangé même à cause de la douleur qui l'a rendu fou, n'en perd pas une pour rendre chaque interaction avec les autres l'occasion de déployer de l'humour ou du sarcasme, et pour pousser tout le monde à bout de nerf. Impulsif, il est aussi l'électron libre chaotique donnant à chacun l'occasion d'exprimer ses pulsions, un peu comme le Joker mais en mode Punisher. C'est un peu ça Deadpool : un personnage border-line qui s'affanchit des codes moraux pour les recadrer dans le paradigme plus grand de l'innaceptable. Car l'injustice est quand même le moteur de ses élans de représailles, et les mauvais poussent le bouchon, alors pourquoi pas lui ?
Aussi, son corps est le sujet d'un running gag sans cesse renouvelé (oxymore), puisque son pouvoir "surnaturel" consiste en une capacité à se régénérer. l'amenant parfois à s'auto-mutiler pour mieux surprendre et vaincre ses adversaires. Et si je vous dis qu'il peut se couper tous les membres, je vous laisser imaginer ce qu'il peut concocter comme stratagème pour arriver à ses fins.
Quant à la mise en scène, au cadrage, tout est fait pour propulser l'expérience en une sorte de bande dessinée vivante, un peu comme le Spider-man de Sam Raimi de 2002 avait pu le faire (je n'ai pas vu le film, juste des extraits, mais les témoignages vont en ce sens). La caméra s'envole pour être totalement libre (vraiment, totalement libre), les effets de transition (utilisés avec parcimonie) rappellent la lecture qui passe d'une case à une autre, un peu comme Star Wars l'avait fait à son époque avec son célèbre effet de fondu balayé, mais sans devenir redondants ni injustifiés. Tout est fait dans les règles de l'art, simplement repoussé plus loin et avec inventivité. Et si l'occasion s'y prête, comme lorsque Deadpool hurle le nom de son bourreau en le cherchant partout à travers la ville et les hangars remplis de gangsters, alors le cadrage traversant les murs et le décors imite l'oeil qui traverse les bords des cases de la planche dessinée. Du reste, les plans américains (semis gros-plans) permettent régulièrement de mettre en valeur les personnages et leurs dialogues, leurs psychologies, avec plus de finesse que dans la plupart des films de super-héros pour contrebalancer ce choix artistique qui sans celà enfoncerait le tout dans un pastiche sans saveur.
Le film ne s'affranchit pas des codes seulement sur le fond, mais aussi sur la forme, puisque vers la fin un savant mélange de ralenti et de mème internet nous offre un grand moment de rigolade et de déconnexion avec la réalité, où les émotions des personnages tissées préalablement sont elles aussi ironisée tout en étant romancées. Le film est mordant de satire même jusque dans ses retranchements, moderne dans son approche faite de multi-couches. Il s'adresse aux jeunes d'aujourd'hui, mais aussi aux plus vieux pour peu qu'ils aient encore de la souplesse et un minimum de connexion avec le numérique. Mais même sans ça, l'astuce visuelle utilisée reste universelle, et symbole portant le signifié en soi. C'en est presque un moment philosophiquement intéressant, un 4e mur aux portes de la métaphysique (dessin en surimpression sur la réalité).
En sortant de la salle, j'ai échangé quelques mots avec le patron du cinéma qui comme moi avait adoré le film, et une fois dehors, je me rappelle avoir eu l'impression que l'asphalte de la rue était de la gomme, que mes jambes étaient en caoutchouc, et que les odeurs du monde m'arrivaient comme à un nouveau-né. L'expérience Deadpool est tellement décalcante qu'elle m'avait retourné le cerveau.
Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu, attendez-vous à un film comme KickAss, qui prend au sérieux le mot d'ordre de ne pas se prendre au sérieux, et allie avec intelligence le respect d'un genre avec sa satire.
PS : Deadpool 2 est moins bon que le 1er, car il sent un peut l'éventé et les blagues commencent à être lourdes pour rien.
Créée
le 18 août 2025
Modifiée
le 18 août 2025
Critique lue 4 fois
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