Les apprentis cuisiniers le savent: quand on a été satisfait d’une recette, rien n’assure qu’en la refaisant on puisse obtenir le même résultat. (en tout cas chez moi c’est systématique: une même recette ne donne jamais 2 fois le même résultat).
Sauf qu’ici ce n’est pas le même réalisateur qui s’y colle, ça ajoute une variable supplémentaire: David Leitch a-t-il pu s’approprier le style qu’avait créé Tim Miller?
Vu de haut, on pourrait répondre par l’affirmative: deadpool2 reprend les gimmicks de son prédécesseur: humour, brisage de 4ème mur, ralentis, narration à coup de flash back, générique décalé, re-humour, vulgarité, une pincée de sentiments, beaucoup de références à la pop culture, et encore un peu d’humour parce qu’il en restait un peu dans la boîte.
Globalement on peut dire que ça fait le job: on passe un moment relativement plaisant, et on retient quelques jolies trouvailles astucieusement placées pour qu’on s’en souvienne parfaitement: la référence initiale à Wolverine est percutante, elle vient se rappeler à notre bon souvenir dans une scène post-générique qui vaut à elle seule le déplacement.
[Enfin à force de lire qu’elle est top, les spectateurs vont finir par trop l’attendre, mais objectivement l’idée est vraiment bonne.]
Par contre si on regarde d’un peu plus près, on commence à voir la peinture s’écailler. Comme si la maison avait été repeinte par Stéphane Plazza (hey ouai on a les références qu’on peut) à la va vite avant les visites pour cacher la misère.
Les défauts existent, et certains sont les mêmes que pour le 1er film: l’humour n’est pas maîtrisé de bout en bout, il est même trop présent à des moments où il était inutile, certaines scènes auraient mérité d’être écourtées (les plus courte, les meilleures, tout le toutim….), l’histoire est simpliste, et on a du mal à se sentir impliqué dans quoi que ce soit étant donné qu’on sait que n’importe qui peut mourir n’importe quand (pas la peine de s’attacher), sauf Wade qui lui est immourable (donc pas la peine de paniquer quand il est émietté façon thon).
Mais cette suite a surtout un défaut que n’avait pas son aîné: la réalisation n’est pas performante, les scènes de bataille mériteraient d’être plus lisibles, et même le générique - qui pourtant convoque Céline Dion et James Bond - n’est pas aussi bon que prévu. Sur le papier ça devait donner très bien, en vrai il manque quelque chose.
On sent que derrière les fourneaux on a voulu mettre le paquet, mais sans avoir le talent d’un grand chef, sans savoir doser les ingrédients.
Le résultat est aussi mangeable qu’oubliable: on a passé un bon moment mais c’est tout.
Sauf qu’en sortant de la salle on se souvient surtout de la scène post générique et 2 ou 3 moments si fendards qu’on a du mal à rester sur une mauvaise impression. C’est vraiment très astucieux de conclure le film en fanfare, notre cerveau se focalise sur cette excellente pirouette finale et tend à oublier qu’avant c’était passable.
Ce qui nous pousse aussi à garder une bonne impression, c’est de sentir que Ryan Reynolds a trouvé le rôle de sa vie (bon au moins de sa décénnie) en incarnant ce Deadpool qui semble lui donner beaucoup de plaisir. On imagine que s’il est un super héros sympa à incarner c’est bien celui-là, et le voir s’amuser dans son costume rouge nous rend à la fois l’acteur et son personnage sympathiques.