Si la question du racisme constitue bien le thème central du film, on aurait tort de croire qu'il en propose une vision simpliste et schématique. Les formes de racisme abordées et les réactions qu'elles déclenchent sont ici plus complexes que ce que dépeignent les films hollywoodiens portant sur ce thème. C'est là qu'apparaît tout l'intérêt d'utiliser une université élitiste pour traiter ce sujet : le racisme chez une bande de néo-nazis sous-éduqués est plus simple a dénoncer que chez la bourgeoisie cultivée. Plus que la question du racisme, c'est la question de la continuité de la discrimination dans une société où le racisme n'est plus socialement acceptable qui est abordée ici.
Si le long-métrage se veut démonstratif sur cette première thématique, il ne prétend pas réduire les personnages noirs à de simples victimes du racisme.
Ainsi, les quatre protagonistes principaux sont confrontés à des discriminations similaires, mais ils n'en constituent pas pour autant un bloc monolithique partageant les mêmes aspirations. Leur rapport à leur propre identité apparaît finalement plus complexe que ce que la Société - mais aussi leurs pairs - attend d'eux en tant que Noirs.
L'affirmation d'une identité individuelle propre apparaît alors comme un combat qui se superpose au combat contre la discrimination, auquel ils se retrouvent confrontés d'une manière ou d'une autre.
Sans doute pourrait-on regretter le travail moindre réalisé sur les personnages blancs. Ce traitement a toutefois le mérite d'éviter l'écueil "SOS Racisme - Touche pas à mon pote", du héro blanc prenant conscience du racisme et s'opposant à d'autres blancs par pure bonté d'âme.
Et puis cette vision un rien stéréotypée ne reflète-t-telle pas le traitement réservé aux personnages noirs dans la majorité de la production habituelle ?