On va faire comme si j'avais pas lu le manga Death Note, sinon je m'énerverais en insultant le film tout en moussant de la bouche, la veine temporale gonflée, le teint rouge, les yeux exorbités. Pour ceux qui veulent savoir si Death Note est une bonne adaptation, je vous le dis d'emblée : non ; le film de Adam Wingard massacre le manga.
L'enfer est pavé de bonnes intentions
Le concept est sympa, et même s'il est déjà vu, il prend ici une forme sympathique : donner à un humain les pouvoirs d'un dieu de la mort (tuer des gens en écrivant leur nom dans un cahier), et voir ce qu'il se passe. L'humain en question c'est Light, un lycéen tellement cliché que je ne vous le décris pas, mais, à votre avis, qui utiliserait le cahier pour prendre sa revanche sur la vie et les vilains méchants ? BINGO ! Le reclus au 145 de QI de service !
On a le droit à tous les poncifs du genre : la découverte du pouvoir, l'usage normal en vitesse de croisière, les abus, le retour à la raison. Pas de surprise ici. Mais purée, qu'est-ce que ça va vite... 10 minutes chrono, le mec découvre le cahier, et se lance dans un génocide moralisateur, et devient le sauveur du petit peuple en la personne du "Seigneur Kira".
Et là, se pose la question de la morale. « Peut-on, doit-on, tuer les tueurs ? » Question immortelle, dilemme moral ressassé, mais c'est toujours intéressant de le voir être abordé. Enfin... non, pas ici. Ici, on a juste droit à "c'est pas bien". Bref. C'est même pas le sujet de Death Note, en fait.
Car l'intrigue principale du film, c'est l'enquête que va mener un détective d'élite, L, afin de découvrir qui se cache derrière Kira. L c'est son nom de code. L est prétendument aussi intelligent que Light, voire plus, même si on a souvent l'impression qu'il sort ses idées du cul d'une poule, m'enfin...
Partant de là, on attendait deux choses :
– Comme souvent, dans le cas où le personnage principal est quelqu'un qui veut faire le bien mais est empêché par la Loi et l'Ordre, il y a une tension et un suspense qui s'installent, concernant son arrestation. Tombera ? Tombera pas ? On s'en fout, dans Death Note. Pour qu'il y ai une tension, il faudrait déjà qu'on se prenne d'affection pour Light, ce qui n'est pas le cas. C'est un merdeux.
– Comme souvent, lorsque deux antagonistes ultra-intelligent s'opposent, un conflit intellectuel raffiné et magistral nous tient en haleine. Pas là. Tout le monde est con-con, il n'y a que peu d'intérêt à la confrontation entre L et Light.
Ces deux points résument bien le film : il est fade. Les personnages sont fades (et cons), le scénario est fade, la réalisation est fade (parfois ridicule), tout est fade. Est-ce que c'est parce que c'est une production Netflix à destination d'ados netflix-o-phages peu regardants sur la qualité de ce qu'ils avalent ? ... Hein ? J'ai pas envie de répondre à cette question hautement rhétorique.
En un mot : meh.
Mais en fait je l'ai lu le manga espèce d'enculé de ta mère sa race la baleine à bosses qui se gare en double file !!!
Cette partie concerne ceux qui auraient lu le manga, et aimeraient avoir un avis comparatif. C'est simple : le film est merdique, en tant qu'adaptation.
À aucun moment on ne perçoit l'intelligence de Light ou de L. Dites adieu aux longues diatribes explicatives, aux plans diaboliquement ingénieux, aux clash titanesques entre Light et L, aux frissons de voir l'étau de la justice se resserrer sur Light... Y'a rien, dans le film, de ce qui fait l'intérêt du manga. Rien. Voilà.