On s'est dit qu'on allait passer un mauvais moment en lançant le film.
J'ai longtemps détesté Death Note à cause d'internet. À l'époque où Game of Thrones n'était qu'un livre et ne fournissait pas des pelles de spoiler sur des réseaux sociaux qui n'existait pas, Death Note était votre prototype de communauté toxique sur les forums de fansub et les commentaires de tracker (je vous parle d'un temps que les moins de vingt ne peuvent vraiment pas connaître).
Et puis un jour, un peu moins de dix ans plus tard, la communauté s'était recentré sur des séries HBO et j'ai pu enfin apprécier la série Death Note.
Et Netflix s'est dit « Oh, et si on finissait de produire une adaptation américaine ? Et si on mettait ça à Seatle pour qu'il pleuvent, qu'on mettait ça dans un lycée américain ? » et ils ont mis de l'argent dedans. Pourquoi ? Parce que les gens aiment Death Note. Il s'agit de faire de l'argent non ?
Si ce n'est pas ça, j'ai vraiment perdu un moment de ma vie. Ou alors j'ai payé de l'argent tous les mois pour qu'ils créent ça. Je ne sais pas quelle est la réflexion qui m'attriste le plus…
Vous l'avez déjà compris, je peux dire que ce Death Note 2017 revu à la sauce States of Murica n'était pas un bon moment, et il est venu le chouette moment de se venger.
Donc à Seatle dans un lycée terriblement classique (au point que je me demande si tous les lycées américains sont comme ça OU si ils n'ont qu'un lycée type pour tous les films qui se trouve à Vancouvert, Canada) un jeune homme doué seulement en math nommé Light (…) trouve un cahier bizarre. Après un moment de tension raté, il découvre qu'il peut tuer des gens avec et commence par décapiter le bully du coin ce qui annonce le seul peut-être intérêt du film : les scènes gogore sont un poil gogore.
Il vend la mèche à la meuf chelou du coin pour se la faire (on est dans un film où le consentement à la sexualité est important et ou tuer des gens c'est ok) et ils décident tous les deux de devenir un dieux vengeur de la mort nommé Kira (parce que bon) et attire l'attention d'un détective de talent nommé L.
Oh là là, tant de suspens (non).
Si je dois trouver quelques trucs bien à ce Death Note, c'est peut-être leur effort d'adaptation. On aimera (pas) ou on aimera pas, mais c'est là une réelle réécriture que font les scénaristes et on sent un peu la patte de Jeremy Slater, engagé à la dernière minute, dans un scénario qui veut guetter vers le film d'horreur. Il y a des idées intéressantes mais on passe de la partie d'échec multidimensionnelle au mauvais teen movie à la morale réactionnaire. Il y a des efforts sur les visuels et un peu de gore pour divertir mais fondamentalement,…
Qu'est-ce qu'on se fait chier quoi.
L'histoire est indigente, arrivant à la cheville d'une série B basique avec ses poncifs, ses clichés. La reprise de morceaux de l'histoire originale en devient des morceaux réanimés de moments cultes incompris et montrés hors contextes. On avait le même problème dans le Ghost in the Shell de cette année. Notre Light Turner (qui appelle son fils Light ?) est un gamin pas trop bête mais loin d'être surdoué, et le couper en deux avec une copine "méchante" est une erreur qui lisse les personnages.
Cet exemple, au delà des acteurs qui jouent pas si mal, est symptomatique : les acteurs portent des déguisements de personnages. Le film passe son temps à montrer des choses, à déclarer, mais aucun personnage n'est cohérent ni en lui-même, ni dans son univers.
Death Note aurait pu être une adaptation digéré ; c'est un collage réalisé par un enfant de 7 ans.
Il s'agit presque d'un cas d'école de réécriture ratée : la structure est imposée, les personnages et la fin aussi ; le tout est intégré dans un contexte différent et adouci pour convenir à un public américain. Mais à qui s'adresse ce film ? Si le réalisateur était parti pour être rated-R d'emblé (et l'aspect gore va dans ce sens), pourquoi rester aussi adolescent dans ses thématiques et ne pas pousser les choses ?