Dede is Dead
Dede is Dead

Court-métrage d'animation de Philipp Kastner (2023)

Il n'est pas rare d'entendre que les œuvres à destination des enfants devraient être plus adulte, inculquer des thématiques qui les permettraient d'être mieux considérer, de "respecter le public enfant". Cette année au Festival Jeunesse du Val de Marne, notamment dans la Compétition +7, nombreux ont été les courts métrages se voulant plus adultes (avec plus ou moins de succès). Dede is dead fait parti de ceux là, et il y a des choses à en dire.


C'est typiquement le genre de proposition qui capte très vite l'attention et arrive à rapidement imposer un charme certain. A travers un style graphique très épurés et abstrait, entièrement en noir et blanc, le film arrive à recentrer l'action et l'image à l'essentiel, tout en mettant en avant le style graphique élégant du réalisateur, qui s'approche par moment du style des studios Fleischer. D'une certaine manière, vu qu'on est plongé dans l'intimité du réalisateur, dans une sorte de portrait méta-textuel, on peut presque voir en cette forme une manière de représenter l'imaginaire du réalisateur qui réalise le film qu'on voit. Le réalisateur travaillant sur une feuille blanche, si l'on veut extrapoler, on peut imaginer que le film que l'on voit est l’œuvre dessiné par le réalisateur dans le film, mais vu par le prisme de l'imaginaire qui serait le contraire du réel, un peu comme le négatif d'une photographie. C'est un court métrage plein de remords et de regrets face à la disparition de Dede, et le réalisateur fantasme une réalité où son chien pourrait le revoir malgré la mort pour continuer d'être avec lui malgré tout. Là où dans le réel l'animation a séparé le chien de son maitre (trop débordé à travailler) dans le réel, elle permet de réunir et de redonner vie au chien dans l'imaginaire. C'est une proposition très forte et touchante... mais j'aurais personnellement quelques réserves.


D'une part, il y a une forme cyclique et redondante qui créé des longueurs lorsque le chiens vient pour essayer de réveiller l'auteur pour la troisième fois du métrage, apportant de la lourdeur et du superflu à un court métrage qui (dans sa forme) fait tout pour être efficace et épuré. Mais mon plus gros soucis reste quand même le ton et une forme d’ambiguïté de ton. Cela joue sans doute sur le fait que le film est sélectionné dans un programme axé pour un jeune public (les courts métrages ne sont pas entièrement maitre du programme où il atterrit, c'est comme Papillon, le prochain Florence Miailhe, qui s'est retrouvé en compétition génération Kplus à la Berlinale 2024 alors que le film n'est absolument pas pensé pour être diffusé pour un jeune public), mais le film propose un mélange de ton assez technique qui ne marche pas toujours. D'un côté nous avons un naturalisme et une épure accessible pour tous, avec même des phases avec le fantôme du chien qui peut paraitre ludique (quoi que macabre et glauque par moment), de l'autre le film s'ouvre et se conclut avec des écriteaux assez lourd et premier degrés qui plombent le visionnage. Rajouté au fait que le film a des scènes assez cru (comme la scène de l'enterrement du chien) qui sont introduit avec pas beaucoup de finesses, on obtient un film très poétique et sympathique, mais manque grandement de légèreté et de recul qui tue un peu le plaisir.


12/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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le 6 févr. 2024

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