S’il y a bien un genre qui a été prolifique ces 3/4 dernières années dans la jungle des DTV chinois, c’est bien les films de serpents. Snake, King of Snakers, Snake Island Python, Big Snake King, Rising Boas in a Girl’s School, … On n’a pas assez de doigts et d’orteils cumulés pour tous les compter. Attiré uniquement par l’affiche du film dans laquelle une femme en tenue de Lara Croft en plein saut avec un flingue à la main canarde ce qui semble être un serpent géant prêt à la gober (oui, je sais, c’est peu, mais parfois avec les DTV chinois il faut un peu y aller au pif), je me lance donc dans Deep Sea Mutant Snake, deuxième film de Wu Yang après Triple Identity (2020), et ce malgré le 4/10 du classement 2022 de Rick. Distribué à la fois sur Tencent Video et Youku Video, deux des plus grosses (aux côtés de iQiYi) plateformes de SVOD chinoises, Deep Sea Mutant Snake n’est clairement pas ce qu’on pourrait appeler un grand film. Ni même un bon film d’ailleurs. Juste un film de monstre lambda comme la Chine en produit plein.


Comme souvent, le film commence sur les chapeaux de roue et, après une grosse introduction de 12 minutes, va ralentir pour nous présenter ses protagonistes avant de relancer la machine et ne presque jamais s’arrêter. Et lorsque ça commence à tourner en rond (toute la partie sur le bateau de croisière), on change de décor (une île hostile) jusqu’au final. Deep Sea Mutant Snake bouffe à tous les râteliers et va pomper aussi bien sur des grosses productions telles qu’Un Cri dans l’Océan (1998) de Stephen Sommers, Des Serpents de l’Avion (2006) de David Richard Ellis ou Kong Skull Island (2017) de Jordan Vogt-Roberts, que dans les productions de chez The Asylum ou Roger Corman. La scène où le serpent géant attrape l’hélicoptère en plein vol semble renvoyer directement à Piranhaconda de Jim Wynorski. Mais à la différence des productions Corman ou The Asylum qui sont souvent très avares lorsqu’il faut nous montrer leurs monstres (ça coute cher les CGI, même quand ils sont ratés), ici le divertissement est très généreux. Tout va très vite, les attaques sont nombreuses, et jamais on ne rechigne à nous montrer les nombreuses bestioles (à 90% des serpents). Le film veut en donner à son public, et ça on ne peut pas lui reprocher. Deep Sea Mutant Snake est bien rythmé, ne laisse que peu de place à la réflexion, et c’est tant mieux car entre le scenario qui tient sur un post-it, les clichés de partout, ou encore certains CGI un peu moyens, il ne faut pas trop laisser le temps au cerveau d’analyser ce qu’il voit. Car même s’il semble avoir été fait au premier degré, avec un humour qui a au final peu de place, il faut absolument voir ce film au second degré pour ne pas l’arrêter au bout de vingt minutes.


Alors il y a du bon dans Deep Sea Mutant Snake. La mise en scène par exemple, très soignée. C’est joli, propre, avec une bonne production value pour ce genre de produit. Certains CGI des monstres sont parfois très corrects, avec des animaux plutôt bien incrustés et bien animés lors de certaines scènes. Malheureusement, sur d’autres, c’est déjà moins bon, avec des serpents qui semblent avoir une texture un peu bizarre et une cohabitation à l’écran avec les vrais acteurs qui sonne un peu faux. Alors lorsque les bestioles changent de taille d’un plan à l’autre en fonction des besoins de la scène, ça a plus tendance à faire rire qu’autre chose. L’intrigue est également un peu faible, avec beaucoup de contenu qui sort de nulle part et sans aucune construction. On sent que le message du film est qu’il faut vivre en harmonie avec la nature, à protéger la terre avec laquelle nous sommes nés et à ne pas expérimenter aveuglément, mais cela est renvoyé non pas au second mais au dixième plan. Deep Sea Mutant Snake va aligner bon nombre de clichés. Ils sont tels qu’il est très facile de prédire ce qu’il va se passer, de savoir quels sont les personnages qui vont vivre ou survivre. On a l’habituelle fillette qui pleure car elle ne retrouve plus ses parents, le téléphone qui sonne pile au moment où il ne faut pas faire de bruit, le passager qui va s’enfermer tout seul dans un endroit sûr en laissant ses compagnons d’infortune dans la merde, … Il n’y a pas un personnage qui n’est pas un cliché sur pattes. Ils sont de toutes façons interprétés par un casting complètement lambda qui n’est clairement pas à la hauteur, se contentant régulièrement de regarder fixement et, de temps en temps, de froncer les sourcils (j’exagère à peine). Alors lorsqu’il faut jouer la peur, la panique ou la colère, je ne vous raconte pas les dégâts. A noter malgré tout la présence de Waise Lee (Une Balle dans la Tête, The Big Heat) dans un tout petit rôle, parce qu’il faut bien manger. Ce n’est pas grand-chose mais les amateurs de ciné HK des années 80/90 apprécieront sans doute.


Deep Sea Mutant Snake ne se détache pas de la masse de DTV avec des serpents géants qui sont sortis sur les plateformes de SVOD chinoises depuis quelques années. C’est rythmé, certes, pas trop mal mis en scène, certes, mais au final très très moyen.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-deep-sea-mutant-snake-de-wu-yang-2022/

cherycok
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le 29 mai 2023

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