Delirium Très Mince

Même si il n'aura jamais le talent ni la notoriété de son illustre géniteur, Lamberto Bava laissera derrière lui une poignée de petites séries B pas désagréables comme ce Le Foto de Gioia (Delirium) , un petit giallo bancal de 1987 pour lequel Dario Argento fut un temps pressenti.

Delirium nous plonge dans les coulisses d'un magazine pour adultes tenue par Gioia une ancienne actrice de film X et modèle de photos de charmes devenue propriétaire de la revue. Plusieurs mannequins sont retrouvées mortes dans de sordides mise en scène faisant de l'entourage de Gioia un joli panel de suspects.

Arrivant bien après l'age d'or du genre, Delirium est un giallo très classique dans les divers éléments qu'il propose avec érotisme, univers bourgeois, panier de crabes offrant une multitudes de suspects possibles, relations troubles et mystérieux assassin fétichiste et sadique. Rien de nouveau mais tout de même quelques curieuses et originales idées malheureusement pas assez développées, comme les visions du tueur qui voit les femmes comme des monstres à travers des flashs chromatique bleus et rouges. Une petite justification à une utilisation de couleurs baroques propre au genre mais aussi l'occasion de voir une femme avec une tête de guêpe et une autre avec un œil immense en plein milieu du visage, des visions vraiment étranges mais que l'on aurait espérer un peu moins gratuite et totalement intégrer dans une cohérence narrative. L'idée de mettre en scène les cadavres pour en faire des photographies est plutôt bonne et proche dans l'esprit du film Bloody Bird sorti la même année. Quant aux suspects qui semblent tous en vouloir à la pauvre Gioia ils sont assez nombreux pour offrir un suspens correct avec un voyeur dans une chaise roulante, un photographe jaloux, une ancienne amante qui aimerait racheter le magazine, une rédactrice en chef cupide qui voit dans ses meurtres une bonne occasion d'augmenter les ventes, un ancien amant et divers mannequins en quête de gloire.

Niveau casting la petite attraction du film reste la présence de Sabrina "Boys Boys boys" Salerne qui est ici victime d'une attaque de guêpe les seins nus comme si la pauvre n'était pas déjà assez gonflée comme ça. On retrouve également quelques visages connus du cinéma de genre italien avec Georges Eastman, David Brandon (Bloody Bird) et l'immense Daria Nicolodi (Suspiria /Les Frissons de l'Angoisse / Ténèbres). Quant au rôle principal il est tenue par la très pulpeuse Serena Grandi que Lamberto Bava descendra des années plus tard en des termes pas très élégants, déclarant à propos de son actrice : "C'est clair que si elle ne montre pas son cul personne ne la verra ! Parce qu'en tant qu'actrice personne n'y croit" . Pas trop gentleman le Lamberto, surtout que l'actrice est loin d'être la seule responsable d'un film certes dispensable et bancal mais pas du tout déplaisant. Le scénario est loin d'être exempt d'incohérences et la mise en scène de Bava Jr ne fait que singer avec applications quelques figures de styles des ses plus illustres modèles.

Delirium reste un petit giallo sympathique dont les deux trois idées un peu folles ne suffisent toutefois pas à le démarquer totalement d'une production lambda de son époque. Là ou d'autres ont réalisés de petits chefs d’œuvres, Lambero Bava se contente d'une honnête petite série B.