le 24 août 2011
Back to nature.
Voilà le genre de film pour lequel je suis incapable de formuler un avis autre que les impressions et sentiments qu'il laisse après l'avoir vu. Je me souviens l'avoir fait regarder à mon frère et à...
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C'est ce film qui m'a fait découvrir John Boorman dans les années 75. Et ce cinéaste, à cause de ce film en particulier, a toujours conservé une place à part dans mon univers cinématographique. Je me souviens encore de l'impression durable de ce film reçue au cinéma. Et cette impression n'a guère évolué au cours des années car je l'ai retrouvée intacte ce soir, lors du visionnage. Aux mêmes points clés.
Il y a l'histoire de base, bien sûr (l'aventure des quatre citadins qui vire au cauchemar) qui est captivante. Mais, surtout, l'occasion nous est donnée d'approfondir cette histoire sur plusieurs niveaux qui restent fondamentalement, pour moi, toujours d'actualité.
D'abord, la Nature, Dame nature, que tant de personnes nous décrivent comme fragile, à protéger, peut se révéler très vite hostile, inhospitalière et dangereuse. Au départ, nos quatre citadins ironisent à propos des hommes qui décident de construire ce barrage qui va noyer la vallée, la rivière dans le but de juste fabriquer un peu de courant électrique pour les climatiseurs d'Atlanta … en oubliant que la Nature n'a cessé, au cours de l'histoire de la Terre, de modeler sa surface, faire apparaitre ou disparaitre des continents, des montagnes ou des lacs. L'homme face à cela est bien petit. Le film nous rappelle que, dès lors que l'homme a quitté son petit nid douillet, sa zone de confort, il a affaire à quelque chose qui peut très vite le dépasser et le détruire.
Et puis la civilisation se révèle vite, dans le film, n'être qu'un vernis léger, une couche qui disparait dès lors que l'homme est confronté à une réalité brute – non prévue par les règlements, lois et morales. L'exemple des deux chasseurs qui agressent deux de nos compères en toute impunité puisque, ici, au milieu de cette forêt sauvage, la seule loi qui existe, c'est la loi du plus fort. Mais pas seulement. La loi qui prévaut, c'est aussi celle des autochtones qui sont chez eux face à ces intrus qui n'ont rien à faire dans leur forêt et qui n'ont rien d'autre à foutre que de faire les cons sur la rivière. Et d'ailleurs, lorsque nos quatre citadins sont confrontés à cette loi du plus fort, il ne leur faudra pas très longtemps pour se mettre en mode survie et adopter les mêmes règles que celles des chasseurs.
Et puis, il nous faut revenir sur "la bande des quatre". Parce que là aussi, Boorman nous a bien concocté un groupe aux petits oignons.
Le chef de l'aventure, joué par un excellent Burt Reynolds dans le rôle du beau mariolle musclé qui sait tout et mieux que les autochtones, pourris par leur consanguinité, qu'il se permet de mépriser ouvertement. Le beau mâle dominateur. Des comme lui, on en voit tous les jours se faire piéger par la marée haute ou sur une paroi rocheuse, comptant sur la société pour venir à leur secours.
Le deuxième de l'équipe c'est Jon Voight, le monsieur tout-le monde. Il se laisse entrainer dans cette aventure et pense très vite qu'il a fait une royale connerie. Ça commence déjà dans le 4-4 du mariolle Burt Reynolds qui croit impressionner les péquenots qui ricanent.
Et puis, à la fin, Jon Voight est celui qui garde la tête froide et qui a su faire la part des choses entre la loi des citadins et la loi du plus fort.
Le troisième personnage, Bobby, est joué par l'indéfinissable Ned Beatty qui démarre au cinéma dans ce film. Il y joue une des scènes culte (sans mauvais jeu de mot) du film. C'est le bon vivant, vantard tant que tout va bien, rapidement poltron devant l'adversité. C'est le maillon faible.
Le quatrième larron, c'est Drew joué par Ronnie Cox. Intéressant personnage. C'est l'homme cultivé de la bande, l'intellectuel. C'est lui qui joue avec sa guitare ce morceau cultissime "Dueling Banjos" où il affronte avec sa guitare un étrange autochtone qui lui répond avec son banjo. La musique, le trait d'union possible entre citadins et ruraux ? Drew est celui des quatre qui aura aussi le plus de mal à faire fondre son vernis civilisationnel.
En conclusion, "Délivrance" est un film qui, à mon sens, va beaucoup plus loin que le simple film d'aventure même horrifique. Il questionne sur le rapport de l'homme face à la Nature. Et il questionne sur le poids de la civilisation dans un environnement sauvage. Débat qu'on retrouvera dans "la forêt d'émeraude" pour lequel Boorman apportera d'autres réponses.
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Créée
le 14 nov. 2025
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