Je partais avec beaucoup d'à priori sur ce film. N'ayant pas une sympathie particulière pour Mélanie Laurent au premier abord (elle sert tout de même un peu de caution star au film), j'étais également assez méfiant de Cyril Dion, notamment pour sa grande proximité avec Pierre Rabhi, personnage bien plus complexe et moins recommandable qu'il n'y paraît (comme a pu le révéler le Monde Diplomatique il y a quelques années). Cyril Dion n'oublie évidemment pas de l'inclure dans le film (et moi de râler que la parole soit toujours donnée à ce genre de personnes spécialiste de tout et de rien). Bref passons rapidement sur les auteurs du film qui me semblent tout de même très sincères dans leur démarche.
Comme tout le monde je me suis laissé emporter par l'énergie positive du film. Certains exemples font chaud au cœur, et les personnes interrogées sont souvent agréables à écouter et franchement sympathiques. Plusieurs parties sont assez chouettes à découvrir comme les jardins de Detroit ou le passage sur l'aménagement piéton et cycliste au Danemark. Je n'attendais pas forcément le film sur les questions d'urbanisme ou de monnaies locales, et pour ça j'ai été assez surpris. J'ai trouvé ça plutôt chouette de ne pas éluder ces sujets là.
En revanche, d'autres parties sont clairement plus faiblardes. La partie sur les énergies comporte par exemple un souci majeur. Elle fait fi de toutes les complexités (installations, entretiens, recyclage...) et de l'impact écologique des éoliennes et panneaux solaires. Même si ces énergies sont évidemment indispensables pour sortir des énergies fossiles, c'est tout de même un peu fort de café d'éluder tous leurs défauts sous prétexte que le film se veut positif. De même, la partie sur l'éducation est trop rapide et expédiée en 15 min et n'apporte franchement rien au propos, les réalisateurs ne reliant pas vraiment le segment à l'écologie. On a l'impression de voir un petit reportage TF1 sur une école Montessori lambda où apprendre à coudre ferait de meilleurs futurs citoyens. Enfin, voir Cyril Dion découvrir les principes de base en économie tranquillement sur la plage à Brighton est assez effrayant. Qu'un des fers de lance d'une partie du mouvement écologiste en France semble si peu familier de concepts économiques simples, indispensables à la bonne compréhension de nos sociétés et de notre monde (et donc in fine à mener des idéaux écologistes intelligents) me semble assez angoissant.
Et ça m'amène vers le principal écueil du film. A mal connaître son sujet et surtout à vouloir en traiter beaucoup trop en si peu de temps, on arrive à des propos vagues qui n'ont finalement pas trop de sens. Même s'il se focalise sur des initiatives locales, le film passe son temps à accuser actionnaires, multinationales, gouvernements sans jamais nommer personne, ni expliciter quoi que ce soit. A ne voir que le positif, à éluder les conflits ou la complexité de notre économie, des cultures et des rapports sociaux, on peut créer certes un peu d'engouement et de réenchantement, mais on créé également une dépolitisation et une simplification du problème. Si on peut voir le film comme une manière de contester le système actuel du bas de l'échelle, on peut également et finalement le voir comme plein de propositions pour s’accommoder du système actuel.
Dernier petit râlage (c'est certes un détail) mais ça me semble toujours important d'accorder le fond avec les actes, et voir la petite équipe (dont Mélanie Laurent qui ne semble vraiment pas indispensable) se balader à travers le monde en avion et en voiture, ça fait toujours bizarre dans un film où les protagonistes ne cessent de parler de local.
Au final, me considérant un minimum initié à toutes ces questions, je ne ressors pas du documentaire franchement emballé. Proposer un film simpliste (et pas simple) et donc considérer que le grand public ne peut pas comprendre la complexité du problème climatique et de ses solutions me semble être une erreur monumentale. Je suis vraiment pour une diversité des approches de l'écologie (institutionnels, radicaux etc...), ça me semble primordial si on veut arriver au changement absolu et nécessaire. Mais créer une débauche d'optimisme artificielle qui peut faire du bien au premier abord, me semble être une pente dangereuse car elle occulte la complexité, l'urgence, les freins, les réels coupables, et finalement biaise la réalité de la situation actuelle.