Jean Marc Vallée est un réalisateur étonnant.


"Dallas Buyers Club" lui avait valu un retour sur le devant de la scène. Si le film était solide (très), le temps long du récit réduisait l'impact émotionnel que pouvait susciter l'histoire. Et voila que coup sur coup il sort deux mélodrames intimistes, à hauteur de personnages, sur des moments charnières. Avec "Wild", il réalisait un film-parcours touchant (bien qu'ultra convenu) qui avec sa super B.O. et un soupçon de "je ne sais quoi" était resté dans mon esprit des jours durant.


Je ne suis pas sur que ce sera le cas concernant "Démolition" mais une chose est sure : j'ai bien plus pleuré ici que dans tous ses autres films. L'émotion suscitée est clairement l'atout du film.
On le doit en partie au dernier quart d'heure, monstrueux. Car si le film tient en halène tout du long, son intrigue (bien trop) décousue fait perdre de l'impact à l'ensemble. Et il faut toute l'intelligence et la malice de ce final pour mettre en lumière l'essentiel et en extraire une puissance non négligeable.
J'ai même pleuré sur du Aznavour (qui me laisse au mieux indifférent) c'est dire le tour de force du film).


Second atout du film : Jake Gyllenhaal. On l'a souvent dit, mais un film porté par ce type gagne indéniablement en qualité. "Night Call" et "Enemy" lui devait déjà beaucoup, ici même constat.
D'ailleurs le personnage qu'incarne Jake n'est pas sans rappeler celui incarné par Nicholson dans" M. Schmidt". Même situation personnelle, même absence d'émotion, même fixation sur la confession épistolaire. Et aussi une trajectoire de reconstruction des plus particulières.
Voir ce personnage de névrosé appréhender une vie qu'il ignorait jusqu'alors fascine.


Pour le reste du casting, si je reste moyennement convaincu par Naomi Watts (pas ma came) j'ai fortement apprécier la présence de Chris Cooper. Comment ne pas repenser à "American Beauty" et (surtout) à "Adaptation" lorsqu'on le voit apparaître. Même si on lui donne à jouer, une fois de plus, le rôle du connard de service on est bien souvent désolé pour lui là où un acteur moyen ne pourrait susciter l'empathie.

Vincevertu
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le 3 août 2016

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Vincevertu

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