Davis est un homme dont la vie est entièrement réglée. L’heure de réveil, le travail dans la finance, son couple, il mène une vie représentative de son époque où la réussite sociale a été mise en priorité. À la mort de sa femme, tout vacille. Pourtant, Davis, habitué à ne plus rien ressentir, n’est pas vraiment triste, comme anesthésié par une vie où on lui a toujours dit quoi faire. Par cet événement terrible, David va prendre les rênes de sa vie...


Au début, tout se joue sur des nuances. Il n'a pas l'air bouleversé par ce deuil. On met ça sur le compte du traumatisme psychique. Mais c'est de plus en plus clair, Davis a largué les amarres avec son ancienne vie. Le voilà qui se confie au service client du distributeur qui lui a refusé un paquet de friandises à l'hôpital. Et qui développe un besoin compulsif : ouvrir les appareils, les désosser, les éventrer. L'électro-ménager de la maison et la climatisation du bureau y passent. Avant d'attaquer le niveau supérieur : la destruction de sa villa d'architecte à coup de masse et de bulldozer...


Démolition est un film intelligent, refusant la simplicité et les discours simplistes, en permettant à son héros de ne pas en être un, en le laissant dériver, faire ses erreurs, et conclure ce qu’il en veut, quitte à rentrer dans le rang, s’il le souhaite. Davis a besoin de déconstruire sa vie, toute sa vie, pour, peut-être, mieux la reconstruire. Son besoin se traduit par la destruction de ses relations, mais également des objets qui l’entourent, symboles de tout ce qu’il ne peut plus supporter. La rencontre platonique avec Karen, une femme à qui tout l’oppose ( Naomie Watts, tout en douceur ! ) va être pour lui un révélateur, un but à atteindre, une amitié nécessaire...


Liberté d’agir, de penser, de se tromper, de détruire, d’être heureux ou non, d’aimer ou non, Démolition nous rappelle que le bonheur ne passe que par nos choix assumés, et nos choix ne sont induits que par notre liberté. Ce qui aurait pu être un film dépressif, d’une grande tristesse, est ici un drame lumineux sur la sens de la vie. La caméra de Jean-Marc Vallée se fait discrète, laissant la place au récit, et à son interprète principal Jake Gyllenhaal. L’acteur, sans doute le meilleur de sa génération, y fait preuve d’un charisme hallucinant !!!

Yoann_Carré
8
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le 8 juil. 2016

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Yoann_Carré

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