Inside Demon

Le nom de James Wan apposé sur une affiche est à lui seul capable d'assurer un minimum de succès à n'importe quel film épouvante mais une de ses premières productions en la matière, "Demonic", reste curieusement encore inédite en France. Alors que son Conjuring-verse n'en était encore qu'à ses balbutiements déceptifs (le premier "Annabelle" venait de pointer le bout de son nez), "Demonic" faisait pourtant encore preuve d'une (très) relative audace en étant basé sur un scénario original mêlant enquête policière et phénomènes paranormaux....

Vingt-cinq ans après après un massacre évoquant un étrange rite, une bande de jeunes chasseurs de fantômes investit la demeure abandonnée où il fut perpétré. Quelques temps après, un policier est appelé sur les lieux par un voisin et découvre un nouveau bain de sang dans la maison où seul un membre de l'équipe semble avoir survécu...

L'intrigue du film de Will Canon se divise donc sur deux lignes temporelles : la principale avec l'enquête d'un inspecteur tentant de démêler les fils de cette étrange affaire et la deuxième (en fonction de la progression de la première) révélant les événements qui ont conduit à la disparition cette bande de jeunes adeptes du surnaturel. Dans cette dernière, comme pour souligner la différence chronologique, l'équipement des personnages afin de filmer leur expérience va faire intervenir le found footage dans l'approche cinématographique plus classique de l'ensemble. D'ailleurs, on ne comprendra jamais bien pourquoi Will Canon n'a pas carrément opté pour une division formelle beaucoup plus unilatérale entre les deux, l'aventure vécue par les victimes n'aurait pu être vécue que via le found footage grâce à des vidéos retrouvées par les policiers dans la principale et, ainsi, provoquer une segmentation visuelle et totale avec elle. Mais non, bizarrement, ce procédé sera ici utilisé comme un simple gadget pour nous immerger sporadiquement dans cette maison hantée comme tant d'autres longs-métrages avant lui alors que, pour une fois, il avait tout pour être susceptible de s'inscrire réellement dans l'intrigue...

En ce qui concerne le contenu, l'aspect enquête policière a beau être plutôt bien mené grâce à un Frank Grillo investi dans son rôle, on a évidemment toujours envie d'en savoir plus sur ce passé proche à l'instar de l'inspecteur. Bon, il apparaît assez vite clair que "Demonic" n'aura pas grand chose de révolutionnaire à raconter en termes de surnaturel mais, à chaque fois que le film se retourne vers les confrontations entre l'équipe de chasseurs de fantômes et les phénomènes de la maison, il parvient à faire preuve d'efficacité. Certes, on est ici dans une vision très contemporaine sur la meilleure façon de véhiculer la peur, l'empilement de jumpscares est en effet privilégié à l'instauration d'une véritable ambiance, cependant, même si ces derniers n'ont pas grand chose d'inventif, Will Canon les délivre avec suffisamment de savoir-faire pour qu'ils produisent leurs petits effets à défaut de plus.
Problème, si le film commençait à gagner notre indulgence par ce biais, son dernier acte, lui, va la faire disparaître d'un bloc en mettant en relief la vacuité sur laquelle reposait toute cette histoire à travers une série de twists aussi fatigués que ce qu'ils sont en train de nous révéler. Pour un film s'appelant "Demonic", on était en droit de s'attendre à une mythologie démoniaque un peu plus fouillée plutôt qu'un tel aboutissement essayant vainement de masquer sa maigreur par une variante de "whodunit" usée dans ce contexte.

Bien moins honteux que certains futurs produits du Conjuring-verse grâce à de bons résultats en matière de sursauts, "Demonic" n'en reste pas moins un produit ultra-calibré du genre auquel son seul métissage avec le déroulement d'une enquête policière ne saurait lui conférer une identité propre.