Souffrance n'est qu'amour, amour n'est que souffrance. En tout cas, le vrai Amour avec un grand A qu'imagine Benoît Jacquot dans son nouveau récit cette-fois ci historique.


La figure de Casanova est une des figures historiques les plus connues du XIIIème siècle. Benoît Jacquot se sert du septième art pour narrer le dernier amour de ce personnage iconique comme l'indique le titre du film. Ce dernier est incarné par Vincent Lindon qui depuis quelques années fait parti des acteurs les plus en vus du cinéma français.


Cette attitude de séducteur qu'arbore Casanova se décompose dans sa relation qu'il entretient avec Marianne de Charpillon, devenant la vraie séductrice de l'histoire. L'essence du charmeur qu'est Casanova est complètement dénaturée, où nous nous rendons rapidement compte que l'époque est propice à forniquer à tout va, ce qui est bien plus fangeux que les relations de quelques mois censées être les aventurettes d'un tombeur avéré. Sans être porté par le jeu de Vincent Lindon qui donne une dimension relativement faible à son personnage, ne laissant pour compte que du phrasé de l'époque et une attitude névrosée. Un phrasé affiché dans les dialogues de tous les individus qui plombent légèrement le long métrage frôlant le ridicule à certains passages passant de subtils à crus en une poignée de seconde.


Benoît Jacquot ne se presse pas. Il nous fait attendre et attendre, pour nous montrer à quel point la tentation et l'amour est synonyme de souffrance et doit être picoré à petite dose pour entretenir une vraie tension sexuelle. Car Dernier Amour n'est qu'attente. Quand on s'apprête à démarrer une scène intrigante, on nous fait languir. On nous stoppe tellement l'action à chaque tension ou directions scénaristiques, que l'on se rend compte qu'au final nous nous attendons plus qu'à une seule chose : que l'érotisme commence. Sauf que Benoît Jacquot ne veut pas s'y aventurer. Pour lui, cela doit s'arrêter juste avant d'aller au bout. Assez frustrant, non ? Un sujet mal choisi pour ce réalisateur d'autant que l'amour montré à l'écran est une thèse à la mode en ce moment : on s'aime sans le montrer, on s'aime en se faisant souffrir, on s'aime en deux voir trois regards. Il faut le dire : on a du mal à y croire et on s'impatiente de ces situations que l'on pourrait qualifier de barbantes.


Loin d'être clivant de ce genre de prestation et de spectacle, Dernier amour ennuie plus qu'il crée le désir et c'est là tout le problème. Certes on y voit à sa façon une manière qu'a le réalisateur d'exprimer ce qu'est l'amour, qu'à la fois on peut souffrir en aimant ou se refusant à lui. Difficile d'être convaincu par une femme s'empêchant de se livrer à ce Don Juan qui éprouve un amour considérable pour elle et préférant jouer à la prostituée. Rien ne l'y oblige mis à part sa mère qui choisit un refus d'argent important pour que Casanova voit sa fille : là on a du mal à voir pourquoi ?


Mais c'est bien là que Benoît Jacquot veut en venir. L'aimerait-il autant si elle se donnait à lui en ne lui refusant rien ? Un amour qui rend fou et une histoire mal développée du simple fait que le passé des deux personnages n'est même pas expliqué pour nous permettre de s'immiscer dans les événements qui nous ont laissé bien loin de cet ancien temps filmé avec une photographie bien sombre.


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Burnham
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le 24 mars 2019

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