Le néo-polar italien a été un genre cinématographique en vogue entre les années 1970 et le début des années 1980. Il parlait des temps sombres que vivait l’Italie. Les réalisateurs s’appelaient Pietro Germi, Carlo Lizzani, Umberto Lenzi ou Marino Girolami. Thomas Milan et Franco Nero se taillaient la part du lion côté casting. Le genre a sombré, tourné en ridicule par Terence Hill et Bud Spencer ou carrément en gaudriole par des fliquettes très peu vêtues. Le polar spaghetti n’avait plus aucun intérêt, à part celui de remplir le tiroir-caisse des producteurs.

C’est donc avec un plaisir certain que l’on retrouve un polar italien bien construit, sans temps morts et très bien interprété.

Après un magnifique générique aérien survolant Milan de nuit (la quasi-totalité du film se déroule la nuit comme son titre l’indique), rythmé par une bande originale fortement inspirée par Ennio Morricone, on suit les dernières heures de la carrière d’un flic à peu près intègre, mal payé mais fier du travail accompli en 35 années de terrain. Amore, le bien nommé, à un tout petit orteil dans l’illégalité, juste pour aider les cousins de son épouse, malfrats sans éclats mais malfrats tout de même. Le jour où il sauve la vie d’un parrain de la mafia chinoise, son destin va bifurquer vers une méchante impasse. D’ailleurs c’est dans L’Impasse, le polar de Brian De Palma, que Pacino disait : « Les services…ça tue encore plus vite qu’une balle ». Comme le monde (du polar) est petit.

Pierfrancesco Favino impressionne en flic coincé entre le marteau et l’enclume, une pension de retraite méritée mais maigrichonne et un beau pactole au parfum dangereux. Les seconds rôles, sortis tout droit d’un film de Scorsese, font grosse impression, eux aussi, et Linda Caridi, en épouse aux abois fait un beau numéro d’actrice.

Le réalisateur, Andrea Di Stefano, utilise les flashbacks à bon escient et nous offre deux heures sous haute tension en décrivant un univers violent sans aucune démonstration excessive. Un polar de très bon niveau qui reprend des thèmes connus mais qui sait les renouveler avec talent.

Créée

le 27 mars 2024

Critique lue 5 fois

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur Dernière nuit à Milan

Dernière nuit à Milan
Sergent_Pepper
7

Triage au bout de la nuit

Exemple type et redondant d’une variation sur un cahier des charges, Dernière nuit à Milan s’empare des codes du polar avec une sincérité et une euphorie assez communicative. On peut d’emblée oublier...

le 19 juin 2023

22 j'aime

1

Dernière nuit à Milan
Yoshii
7

Le héros est fatigué...

Et c'est une tendance de plus en plus marquante des ces dernières années au cinéma ,surtout lorsque l'on évoque le polar : le héros fatigué, désabusé faisant écho au sentiment le plus répandu dans...

le 14 févr. 2024

11 j'aime

Dernière nuit à Milan
slvrpktl
8

In Favino Veritas

Dès les premières minutes, le film donne le ton : la bande originale pose une ambiance tendue, et nous amène avec un long plan séquence aérien sur le protagoniste. C'est un policier, pour lequel sa...

le 22 mai 2023

10 j'aime

1

Du même critique

The Palace
Le-Projectionniste
5

La censure est la version ratée de la critique

Avertissement au potentiel lecteur de cette chronique : J’écoute Michael Jackson, je lis Céline, j’admire Marlon Brando, je revois Les Valseuses avec plaisir, je souris en écoutant les digressions...

il y a 5 jours

1 j'aime

Furiosa - Une saga Mad Max
Le-Projectionniste
6

Prequel pas vraiment indispensable

Furiosa est un film spectaculaire et bruyant qui ravira les fans de l'univers apocalyptique de Georges Miller, réalisateur des cinq films de la saga débutée en 1979. Quarante-cinq ans dans le...

il y a 8 jours

1 j'aime

Pas de vagues
Le-Projectionniste
5

Sincère mais très maladroit

Un film courageux visant à démontrer que les accusations de harcèlement ne sont pas toujours fondées et qu’elles sont, parfois, complètement inventées. Le destin terrible de Samuel Paty doit nous...

le 14 avr. 2024

1 j'aime