Phase III

On peut résumer "The Hellstrom chronicle" à une dichotomie un peu primaire, d'un côté des plans en macrophotographie montrant la vie d'un petit nombre d'insectes (en colonie ou individuels) et de l'autre un prétendu scientifique spécialiste de l'entomologie avec ses discours inquiétants sur la domination à long terme de cet ordre animal. Mais on peut aussi y voir, sous une perspective différente et beaucoup plus intéressante en 2021, l'état d'esprit typiquement marqué par les années 70, sur fond de psychose, dans l'enveloppe d'une sorte de série B décalée. Il est aussi très tentant d'y voir une sorte d'avant-goût de la peur constitutive du film de SF culte qui sortira 3 ans plus tard, le classique de Saul Bass "Phase IV". L'entreprise est très différente ici, avec le faux entomologiste Hellstrom qui nous fait des discours pétris d'une emphase involontairement comique 50 ans plus tard. Peut-être même que la saveur comique existait déjà en 1971, sur le thème de l'insecte qui un jour réussira là où l'homme aura échoué. C'est la thématique de la défaite de l'homme face à la nature, par l'entremise d'un faux discours officiel, en essayant de rendre les incroyables capacités d'adaptabilité et de reproduction des insectes menaçantes. Et il y parvient, par moments, que ce soit dans l'empreinte graphique ou dans le discours de fin du monde. C'est évidemment très simpliste mais à partir de séquences de papillons, de sauterelles, de guêpes, d'abeilles, de termites et de fourmis, le ton inquiétant est plutôt divertissant.