Soyons honnêtes : « Des lendemains qui chantent », c'est quand même un bon film de gauchos fait par des gauchos pour les gauchos. Une fois écrit cela, vous savez ce qu'il vous reste à faire si Laurent Wauquiez est votre idole et Donald Trump un grand Président des États-Unis. Une fois écrit cela, le résultat ne m'a vraiment pas déplu. C'est un peu court niveau mise en scène et reconstitution (même si ça passe à peu près), mais le propos, l'esprit, l'espoir puis la désillusion suite à l'accès au pouvoir de François Mitterrand : tout est décrit avec une relative justesse à travers des personnages relativement attachants et crédibles, interprétés sans génie mais avec un minimum de ferveur et d'émotion, notamment par Pio Marmaï, Ramzy Bédia et Gaspard Proust, sans oublier André Dussollier dans un joli second rôle.
Une comédie dramatique sympa qui, au-delà des limites évoquées précédemment, a le problème de vouloir couvrir une page longue et importante française en seulement 90 minutes, ce qui est évidemment un peu court, certaines relations entre protagonistes n'étant qu'assez peu développées, tandis que la dimension politique aurait clairement mérité un format beaucoup plus long : une série de six épisodes, par exemple. Maintenant, on se contente de ce qu'on a : une certaine nostalgie quant à une époque que je n'ai malheureusement pas connu, une réflexion intéressante sur l'engagement et ce qu'est devenu (l'identité de) la gauche française au fil des décennies (la scène du « qui a voté quoi » se déroulant au soir du 21 avril 2002 est à ce titre criante de vérité), excusant en partie une forme assez passe-partout (si ce n'est l'idée de mélanger images d'archives et de fiction, pas trop mal) et un sujet qui aurait justifié une durée autrement plus importante. Inabouti, mais touchant.