Vive les gentils !! Que les connards crèvent...

Des mexicains tentent de passer la frontière pour atterrir aux Etats-Unis par la voie du désert. Leur véhicule tombe en panne, ce qui les oblige à traverser des paysages magnifiques à pied, c'est cool mais c'est épuisant. Malheureusement, ils croisent sur leur route un énorme psychopathe raciste sans cervelle armé de son fusil qui va vouloir tous les descendre un par un de manière cruelle et irréfléchie.


On est donc plongé dans un film de survie avec des décors impressionnants, il faut bien le dire. Et euh... bah c'est tout. Non seulement le scénario et en particulier les dialogues sont médiocres, mais surtout, il n'y a absolument aucune originalité là-dedans, contrairement à ce que peut laisser penser la sympathique affiche.


Le méchant est une vraie caricature : plus borné tu meurs, il cherche à déglinguer tout ce qui bouge, accompagné de son chien surentraîné qui l'aide à chasser du pépito grâce à son flair (heureusement qu'il est là). Il passe tout le film à se percher sur des montagnes pour sniper ces pauvres mexicains qui venaient ici pour trouver l'American Dream. Il n'y a aucune psychologie là-dedans, il faut arrêter de se mentir, c'est juste un déchet qui n'a rien d'autre à foutre que de faire la gué-guerre avec des immigrés clandestins. Après pourquoi pas, hein, les gens débiles peuvent être crédibles en tant que méchants. Mais qu'on ne vienne pas me dire "haaan comment le méchant il est trop styléééé"...


Dès les 20 premières minutes du film, on comprend facilement qui seront les derniers survivants, il n'y a pas de réel suspense. La succession des événements est d'ailleurs un cliché ambulant : les connards et plus lâches meurent en premier, et les honnêtes héros survivent... C'est une règle universelle : si vous vous retrouvez un jour en plein milieu de l'océan, suivi de près par un requin affamé, n'ayez crainte, si vous avez aidé un chat à descendre d'un arbre la semaine dernière, vous aurez la vie sauve, contrairement au gros riche sur son yacht qui fume des cigares, qui lui va subitement tomber à l'eau après avoir compté tous ses billets.


Quand la chasse à l'homme est lancée, il n'y a quasiment plus aucun dialogue dans le film. Ce qui n'est pas dérangeant tant les acteurs sont bof, voire mauvais et pas dirigés du tout en fait (Garcia Bernal livre ici une belle interprétation du héros naïf et sans personnalité).
Mais il reste tout de même quelques phrases et échanges, des révélations que l'on attendait sur les personnages... qui seront condensées dans trois minutes de film. Oui... Une pause douceur, au milieu du chaos où les survivants vont pouvoir raconter leur vie (très vite fait), au même moment où le méchant va dire trois mots à son chien (pour souligner sa solitude, ouais j'avoue c'est trop profond). C'est assez pathétique, surtout que la pause est amenée comme un pied : d'un seul coup, le chasseur décide de s'arrêter à dix mètres de sa cible "ouais la flemme, on continue demain". Evidemment les gentils n'en profiteront pas pour prendre de l'avance, noooooooooon, on va rester assis là et garder notre avance considérable de 10 mètres pour l'étape de demain, pourvu qu'on garde le maillot jaune.


Après avoir hésité à quitter la salle, je me suis convaincu de regarder la fin de cette odyssée incroyable. Sans trop vous spoiler (même si tout est attendu de A à Z), la fin consiste en un duel final ... chiant comme la pluie. Le chasseur qui a très peu raté sa cible depuis le début, ne sait subitement plus viser lorsqu'il s'agit de tuer le héros, et les deux finissent par faire des tours de cailloux sans se croiser... Quel suspense ! Jusqu'à la confrontation finale où le gentil monsieur prend le dessus facilement parce que le méchant monsieur est fatigué alors qu'il a fait 80% du film en voiture pendant que son ennemi était à pied dans le désert. Logique.


Et voilà la situation renversée. Le fusil est maintenant tenu par le héros, et le vilain est à terre, blessé à une jambe, incapable de fuir... ... ... QUE VA-T-IL SE PASSER ? ... ... ... ... Est-ce que le réalisateur, va enfin avoir une bonne idée, est-ce que le gentil tout sympa tout vertueux va finalement péter un bon gros câble après cette aventure déshumanisante et poutrer ce putain d'assassin qui a tué une vingtaine de personnes gratuitement... NOOOOOON, "le désert s'occupera de lui". BORDEL mais on nous l'a faite combien de fois celle-là ???? C'était évident qu'il se passe ça, même dans les années 60 ce film aurait été considéré comme un cliché !!!


Bref, n'allez pas voir ce navet, même si vous aimez les belles images... En plus d'être violent et gratuit, le film n'apporte absolument rien, il n'y a aucune étude derrière, même pas de politique ou de société, on parle quand-même ici d'immigration clandestine, de racisme, d'American Dream... Non, c'est juste un méchant méchant et un gentil gentil qui restent respectivement méchant et gentil, car ils sont surement nés de parents méchants et gentils, et ils feront certainement des enfants méchants et gentils.
...
"Le désert s'occupera de lui", putain je m'en remets pas.

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le 4 mai 2016

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Franky Latuile

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