Cette semaine, c'était le grand retour d'une saga dont on n'espérait plus des masses avoir la chance de pouvoir découvrir un nouvel opus en salle. Parce qu'il faut bien reconnaitre que malgré ma grande sympathie pour les débuts de la saga, les opus 4 et 5 avaient été de véritables déceptions, et semblait faire rentrer dans le moule d'un mauvais cinéma d'horreur des années 2010 un concept aussi cool et jouissif que particulièrement simple: la mort a loupé son coup, et celle-ci va chercher à se rattraper. Les échos archi positifs semblaient n'augurer que du bon, et je me faisait une joie de découvrir sur grand écran ce sixième film, en croisant les doigts pour retrouver ce qui me faisait kiffer quand James Wong et son comparse Glen Morgan tenaient les rennes de la saga.
Et quelle ne fut pas ma déception de découvrir ce DESTINATION FINALE BLOODLINES (séance de 9h du mat' aux halles, donc je peux même pas justifier le mauvais moment passé devant en accusant des connards dans la salle: j'étais le seul connard dans la salle). Et en effet, deux choses me paraissent particulièrement frappante au premier abord pour expliquer le ratage.
La première, c'est l'incapacité des auteurs à structurer un récit pourtant simple à l'origine, ne pouvant s'empêcher de complexifier le concept. Ici, il est question de filiation, et la mort décide de flinguer toute une famille qui n'aurait pas dû exister, la faute a une survivante qui se planque depuis apparemment 70 ans (la première séquence semblant se passer dans les années 1950) pour lui échapper. Le film se passerait entièrement à ses côtés, on aurait pu y voir une tentative pour faire un opus original, jouant la carte du temps qui passe en attendant que la mort revienne et essayant par instant de lui échapper. Mais bien sûr, ce personnage n'est qu'un leurre pour le spectateur qui aimerait voir de l'originalité: ce personnage n'est qu'un point d'introduction pour le lancement de l'histoire, les personnages principaux étant finalement une sempiternelle bande d'adolescents/jeunes adultes têtes à claques censés être des points d'identification pour ce qu'on imagine être le spectateur dans la salle (donc, des bandes d'adolescents têtes à claques). Le hic, c'est qu'en appliquant une logique aux agissements de la mort, on lui donne également une manière de pouvoir parer cette mort. Et là, le bas blesse. Parce que, encore une fois, la simplicité était la grande force de cette saga, et les personnages ne fonçaient pas trouver des solutions pour palier à l'existence de la mort: ils cherchaient tout simplement à lui échapper. Au même titre qu'on s'arrête au feu rouge lorsqu'un camion arrive, les personnage n'osaient ouvrir une boite de conserve qu'en utilisant des moufles, tout élément dans la pièce étant un potentiel instrument de meurtre. Le comique venait également de cette simplicité. On comprenait la situation dans laquelle les personnages étaient, on les plaignaient, et on riait en même temps de leur situation tant celle-ci parait absurde (bien que compréhensible, encore une fois). Ici, l'humour beaucoup plus grossier vient de personnages INSUPPORTABLES, commençant par remettre en cause l'absurdité des situations (une manière de se mettre dans la poche les spectateurs qui n'accepteraient pas le concept du film alors qu'il est censé en avoir vu cinq avant), et que l'on a envie de voir crever le plus vite possible tellement ils sont cons, prétentieux et inintéressants. Et une fois que ceux-ci finissent par y croire, ou y sont déjà passé, il est difficile de rentrer dans cette histoire faussement originale tant on a le sentiment d'avoir loupé émotionnellement le lancement de l'intrigue, car impossible d'éprouver la moindre empathie pour cette bande. Ni empathie, ni attachement, et évidemment encore moins d'identification. Et c'est là que le deuxième point manquant arrive.
L'originalité de la saga se trouvait dans le point de vue opté par James Wong et David Ellis, a savoir: là ou on pense être du point de vue de la victime, on en vient à passer pendant les séquences de meurtres du point de vue du seul et unique antagoniste de la saga: la mort. On se plaisait à voir la mort disposer méticuleusement tous ses différents pièges, on jouissait en imaginant toutes les possibilités de meurtres possibles et imaginables, et on se marrait bien à l'idée d'essayer de deviner lequel de ces pièges allait finalement avoir raison du personnage. Ici, les meurtres ont beau être violents et particulièrement gore, ceux-ci sont exécutés sans la moindre surprise, car refusant l'aspect ludique de la mise en scène censé être mis en place avant la mise à mort. On se tape donc un enchainement de séquences de morts faites sans imagination, sans envie de mise en scène rendant la séquence joussive. On se tape même une séquence laissant à penser à un ersatz de Saw 3 (piercing), la finalité de la séquence montrant avant tout un désintérêt complet des scénaristes, vu l'incohérence monumentale qu'ils se sont permis de laisser au scénario
(Si la mort n'est pas intéressée par ce personnage, pourquoi la mort joue t-elle avec lui ? Si la mort fini par se dire qu'il serait cool de s'occuper de son cas, pourquoi laisser survivre ce personnage ?)
Par ailleurs, c'est sympa de voir que le lancement de l'intrigue vient tout de même d'un enchainement d'incohérence assez rigolo:
La baraque de la vieille qui fait tout pour se protéger depuis 70 ans est non seulement blindée d'ustensiles qui peuvent la tuer, mais en plus de cela, son jardin est littéralement une entrée d'un chemin de guerre avec fil barbelé et piques dans tout genre à foison. Qui a déposé cela ici ? Pourquoi se défendrait t-elle avec ce genre de matériel alors que justement, il s'agit typiquement d'objets qui peuvent la tuer.
Et surtout, summum de la connerie:
Après avoir passé des plombes à expliquer à sa petite fille qu'elle fait tout cela pour les protéger elle et sa famille, mamie décide de se laisser mourir pour montrer à sa petite fille qu'elle dit vrai et que la mort peut l'attraper à n'importe quel moment. Sauf qu'en faisant ce geste, elle condamne littéralement toute sa famille.
Respect. Franchement, niveau médiocrité d'écriture, ça faisait longtemps que j'avais pas vu un truc pareil.
Rajoutons à cela un casting de seconde zone, jamais crédible, et une réalisation qui n'a aucune idée qu'un plan fixe peut également avoir une signification et créer de l'effroi (mettre des travellings avant à chaque plan d'une séquence de dialogue même lorsqu'il n'y a rien à souligner, c'est aussi contreproductif que filmer une course poursuite de loin en plan fixe dos aux bagnoles: ça ne produira jamais le moindre effet), et qui se persuade que filmer tous les champs-contrechamps en caméra portée permet de créer du dynamisme, et on se retrouve avec un produit sans grand intérêt, mal foutu et sans âme.
Sauvons au moins la séquence d'intro avec le traditionnel accident de début de film. Il faut admettre que malgré les VFX ratés, la mise en scène parvient à créer un vrai dynamisme.
A noter également, la tristesse de voir Tony Todd dans son dernier rôle au cinéma.
Comme quoi, il y a parfois des sagas qu'il faudrait laisser mourir une bonne fois pour toute.