Lost Highway
Rapidement tourné, Detour pourrait représenter l'archétype du film noir, une suite d'évènements dramatiques, un protagoniste héritant d'une situation malheureuse, des morts, une voix-off, un long...
le 20 juil. 2022
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Al Roberts,pianiste de bar new-yorkais,voudrait s'installer avec sa petite amie Sue,qui est la chanteuse de l'orchestre.Comme ils n'ont pas un flèche,la fille décide de partir tenter sa chance à Los Angeles,où elle espère réussir.Après quelques temps Al,toujours amoureux d'elle,part à son tour vers la Californie mais,vu son impécuniosité,il est contraint d'utiliser l'auto-stop.Le gars n'étant pas verni,il ne va pas tomber sur les bonnes personnes et le voyage tournera au cauchemar.Edgar G. Ulmer,réalisateur juif austro-hongrois,a débarqué à Hollywood dès les années 20 et s'y était taillé une bonne place,jusqu'à ce qu'il pique la femme d'un puissant producteur.Désormais tricard dans les grands studios,il devra se rabattre sur de petites compagnies,comme la PRC qui produit ce film."Détour" est un de ces petits films noirs de série B si abondants dans le ciné américain de l'époque,et pourtant il est sorti de l'anonymat à retardement,dans les années 70,quand certains cinéphiles lui ont à juste titre trouvé des qualités particulières l'élevant au-dessus du tout-venant du genre.Une durée courte de 68 minutes,une réalisation serrée et dynamique d'Ulmer,qui ne s'encombre pas de fioritures et va droit au but,un noir et blanc joliment contrasté de Benjamin H. Kline et un scénario bien vicieux de Martin Goldsmith,qui adapte ici son propre roman,contribuent à faire de cette bande fauchée un petit classique du polar hollywoodien.On peut déjà apprécier le postulat de départ directement branché sur un réalisme peu usuel au cinéma.Le héros est un type sans le sou,et aller de New York à L.A. est pour lui une aventure.En général,quand un personnage de fiction se déplace d'un point à un autre,on le voit quitter le point A pour la scène d'après se retrouver miraculeusement au point B.Là,évidemment,il s'agit d'un road movie,mais la dimension miséreuse du mec pèse constamment sur les évènements.Ulmer ne musarde cependant pas en chemin et trace la route avec vélocité,chaque séquence étant efficace et apportant son lot de surprises.On a souvent parlé de fatalité et de malchance à propos du parcours de Roberts,mais il est un aspect qu'on ne signale jamais,c'est sa connerie.Parce que certes c'est un poissard de première catégorie,mais il est quand même doué pour prendre des décisions aberrantes et se foutre tout seul dans la merde.Heureusement d'ailleurs,c'est ce qui permet au scénario de livrer ses rebondissements inattendus et d'enfoncer le personnage dans une spirale funeste inexorable.Primo,se barrer de New York sur un coup de tête alors qu'il a un boulot et pas de quoi prendre le train est une impulsion stupide,il aurait pu attendre d'avoir fait quelques économies.Secundo,sa réaction face au décès naturel d'Haskell est aberrante.Le mec était malade et se gavait de médocs,aucune trace d'agression ne marquait son corps et si Al avait simplement contacté les flics il ne risquait a priori pas grand-chose,signaler les faits aurait attesté de sa bonne foi et il n'avait apparemment pas de casier judiciaire.Son comportement est idiot et le désigne comme le coupable qu'il n'est pas.Tertio,pourquoi prend-il la nana en stop?Rien ne l'y oblige et on n'en voit pas l'intérêt vu qu'il n'a même pas dans l'idée de se la faire.On le voit,il met beaucoup de bonne volonté à attirer le mauvais sort.Les acteurs sont des inconnus de niveaux variables.Tom Neal est bien faible en brave mec accablé par le destin,et il a une tronche de cake.Claudia Drake n'a aucun charisme en chanteuse de beuglant mais Edmund MacDonald est très bien en automobiliste bavard et menteur.Et puis il y a Ann Savage,la divine surprise,en auto-stoppeuse vipérine et cupide.Du style sexy moche,elle irradie l'écran de sa présence toxique et de son charme malsain,s'amusant à torturer ce pauvre bougre qu'elle tient à sa merci,tout en laissant par moment entrevoir sa souffrance intérieure de fille dont on devine qu'elle a eu une vie assez horrible.L'actrice fait le show et constitue une des très bonnes raisons de voir le film,avec à la clé une des scènes de meurtre involontaire les plus tordues de l'Histoire du Cinéma.
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le 17 nov. 2025
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