Une scène d'ouverture excellente et Detroit bien filmé dans un polar de série B des années 70

C'est un excellent opus de Blaxploitation qui commence par un hold up dans la soirée d'intronisation d'un député noir candidat au poste de gouverneur de Detroit.

La soirée est un mélange de mondanités, de fripouillerie et de show. On apprécie un groupe de choristes et une chanteuse solo - d'abord toutes ringardes puis toutes émouvantes - puis le sermon génial d'un révérend joué par le performer Scatman Crothers,  qui scande des slogans pour faire raquer les supporters. Cette quête de sponsors hilarante est  brusquement interrompue par l'irruption d'une bande armée et les invités sont dépouillés. L'atmosphère de cette séquence est celle des romans de Chester Himes  : mi réjouissante mi inquiétante (comme l'était par exemple l'inénarrable "coup de la levure" dans la Reine des Pommes).

Deux flics mènent l'enquête pour retrouver l'énorme butin, un black (Hari Rhodes) et un blanc (Alex Rocco) et la progression narrative est plutôt dans le style semi documentaire des bons polars des années 70. 

Si le mauvais côté de la série B apparait dans le peu de soin apporté aux fusillades et aux blessures, avec des effets spéciaux bas de gamme, le décor de Detroit est en revanche excellemment utilisé.

Cette énorme ville industrielle, laide, est rarement montrée au cinema et on la découvre ici (rues, rivière, parcs, cimetière, rails et gare désaffectés) dans des séquences de courses poursuites à pied, où des malfrats fuient soit un inspecteur tout seul soit une multitude de flics en tenue. A ce moment là, c'est comme si les Keystone cops des comédies du cinema muet étaient transférés dans un drame moderne. Ces scènes sont parfois longues mais elles sont intrigantes et originales de même que quelques poursuites en voiture.

Le réalisateur Arthur Marks est un familier de la télévision et il a du savoir faire, de l'humour et sa mise en scène de l'action et de l'érotisme propre au genre est de bon aloi.

L'actrice Vonetta McGee est magnifique dans un rôle de prostituée révoltée par le machisme des notables mais dépendante d'un souteneur minable.

La chute, ouverte sur une bonne question quant à l'honnêteté d'un des deux flics, est à la fois astucieuse et tragique.

(Note de 2022 publiée en février 2025)

La réapparition sur les plateformes de ce film au titre mystérieux pour un francophone, avec d'ailleurs un second titre tout aussi incompréhensible SOS Black Guns est peut-être due à l'éloge qu'en a fait Tarantino, car on est frustré de ne pas avoir à l'inverse accès à nombre d' autres films de "blaxploitation" qu'on a manqué à leur sortie, et qui sont maintenant introuvables.

Michael-Faure
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le 15 févr. 2025

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